Turbulences dues aux tarifs de Trump

4 avril 2025

Auteur: Gerd Philippaerts, gestionnaire de fonds chez Argenta Asset Management

Le 2 avril, Donald Trump a annoncé les droits de douane que les entreprises devront désormais payer pour importer et vendre leurs produits aux États-Unis. Les marchés boursiers du monde entier réagissent fortement à cette situation. Qu'est-ce que cela signifie pour les fonds d'Argenta Asset Management ?

Que s’est-il passé ?

Le 2 avril, après la fermeture des marchés, Donald Trump a annoncé les droits de douane que devront payer les entreprises qui souhaitent importer et vendre leurs produits aux États-Unis. Ces droits de douane, exprimés en pourcentage de la valeur du produit, sont plus stricts que ce à quoi le marché s'attendait, mais tous les pays ne sont pas punis de la même manière. La plupart des marchés d'Amérique latine subissent un taux de base de 10 %, tandis que la Chine est frappée par des taux supplémentaires de plus de 30 %, en plus des 20 % récemment imposés. La Suisse par exemple a également encaissé un taux remarquablement élevé. Voici un bref aperçu des tarifs les plus notables :

Cambodge  49 %
Vietnam  46 %
Taiwan  46 %
Suisse  36 %
Chine 34 %
Japon 32 %
Indonésie  32 %
Corée du Sud  26 %
Thaïlande  25 %
Inde  24 %
Union européenne  20 %
Royaume-Uni 10 %

Plus spécifiquement au niveau des produits touchés, le président des États-Unis impose, comme annoncé, une taxe à l'importation de 25 % sur toutes les voitures entrant aux États-Unis. Ce tarif devrait augmenter considérablement les coûts et perturber les chaînes d’approvisionnement du secteur, ce qui pourrait avoir un impact sur les constructeurs automobiles nationaux et internationaux.

Les États-Unis ont exclu l’acier, l’aluminium, le cuivre et l’or des droits de douane croisés, offrant ainsi un certain soulagement aux acheteurs nationaux qui paient déjà des droits de 25 % sur ces métaux clés utilisés dans les voitures et divers appareils utilitaires.

Le pétrole et les produits pharmaceutiques sont largement épargnés, même si le soulagement pourrait être de courte durée pour les sociétés pharmaceutiques, car la Maison Blanche prévoit des droits de douane supplémentaires sur les importations pharmaceutiques à l'avenir, rapporte notre source Bloomberg.

Quelles sont les conséquences ?

En raison des méthodes de calcul approximatives utilisées, il existe un risque élevé d'effets secondaires imprévus. Mais dans l’état actuel des choses, les sujets suivants resteront en tous cas à l’ordre du jour des investisseurs : hausse de l’inflation, ralentissement de la croissance et peut-être récession, menace de pertes d’emplois, perturbation de la chaîne d’approvisionnement, nouvelle escalade et bataille tarifaire…

On voit une incertitude accrue qui a conduit à une plus grande volatilité sur les marchés, comme nous l'avons constaté dès le 1er jour après l'annonce. Il convient de noter ici un affaiblissement du dollar
(-1,6 % par rapport à l'euro), qui peut indiquer une moindre confiance dans le dollar en tant que valeur refuge, mais aussi une chute du cours du pétrole due à une combinaison d'une croissance attendue plus faible et de l'absence de droits de douane élevés - pensez à la Russie, qui échappe à la danse (le cours du pétrole américain a chuté d'environ 6 %). Les taux d’intérêt américains baissent tandis que les taux d’intérêt européens suivent lentement, ce qui est positif pour les obligations.

Quelles sont les implications pour la gestion ?

Après l’analyse initiale des tarifs et l’évaluation de l’impact, nous faisons les considérations suivantes.

  1. Pour ce qui est de la réaction du marché, la Bourse avait connu un contre-mouvement à la hausse ces derniers jours en prévision d'une annonce plus favorable que prévu ; ce n'est clairement pas le cas. La première réaction en Europe a été négative mais pas dramatique. L'Europe a progressivement perdu du terrain le 3 avril, mais tous les secteurs n'ont pas été négatifs : les sociétés pharmaceutiques ont échappé aux droits de douane, mais cela pourrait n'être que temporaire. Les actions américaines ont chuté plus fortement. L'une des actions les plus durement touchées a été Apple, qui a perdu 9,3 % rien qu'en dollars (nos fonds n'ont aucune position dans ce titre), tandis que les semi-conducteurs ont perdu près de 10 %.
    • Les portefeuilles Argenta sont bien diversifiés. Ainsi, nous avons des positions dans les secteur de la santé et des services d’utilité publique, qui sont actuellement moins sensibles à la pression à la baisse.
    • Dans les portefeuilles mixtes d'Argenta Asset Management (répartition entre actions et obligations), les gestionnaires ont allégé les positions en ramenant les actions à un poids neutre dès les premières heures. Nous conserverons le produit de cette vente en espèces. Les positions en liquidités dans les portefeuilles Argenta s'élèvent désormais à près de 10 %.
    • Ces dernières années, nous nous sommes habitués au fait que les États-Unis dominent la bourse. Depuis le début de l’année 2025, nous avons accru les positions européennes au détriment des positions américaines. Cela s’est avéré être une bonne estimation.
    • Les portefeuilles mixtes d'Argenta Asset Management ont également ajouté dans le passé une assurance contre l'inflation grâce à une importante position dans les obligations indexées sur l'inflation. Aujourd'hui, celles-ci sont principalement détenues en euros.
    • Notre exposition à l’industrie automobile est relativement limitée.
       
  2. L’euro se renforce par rapport au dollar américain. Cette évolution est peut-être la plus frappante si l'on considère que, dans un passé pas si lointain, les spécialistes de marché chantaient les louanges de la force du dollar.
    • Nos fonds essentiels ont mis en place et renforcé une protection ces dernières semaines, pour protéger notre plus grande surpondération des obligations américaines contre la baisse du dollar.

Conclusion

Les turbulences vont persister pendant un certain temps et nous nous attendons donc à des périodes plus volatiles. Mais il y aura sans doute aussi des négociations et des évaluations sur la manière d’éviter les pires chocs. Il ne fait aucun doute que de grandes opportunités se présenteront et pourront générer de bons rendements à moyen terme. La position de trésorerie de 10 % constitue désormais un tampon que nous pourrons utiliser plus tard. La question de savoir quand dépendra des contorsions que nous observerons dans la fosse aux serpents de Trump.

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