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Un rally de fin d’année « Made in USA »
6 décembre
Auteur: Vincent Coppée, gestionnaire de fonds chez Argenta Asset Management
Les marchés financiers ont aligné leur comportement sur le résultat des élections américaines durant le mois de novembre. Le slogan « America First » de Donald Trump a provoqué un réalignement des flux d’investissement, clairement en faveur de l’économie intérieure américaine. Les marchés obligataires tentent de leur côté d’appréhender les conséquences de ce résultat pour l’inflation future. Il en va de même des banques centrales.
Dans cette mise à jour nous faisons le point sur les derniers développements économiques et financiers du mois écoulé ainsi que sur les dernières décisions prises au sein des fonds essentiels.
Marchés boursiers : et le vainqueur est… l’Oncle Sam
Le graphe ci-dessous est d’une clarté limpide : les actions américaines ont battu à plate couture le reste du marché en novembre. Et la bourse chinoise a délivré le rendement le plus médiocre, avec une baisse de 2 %. L’Europe quant à elle n’a pratiquement pas bougé. On peut parler sans hésitation d’un « Trump trade » : les investisseurs se replient sur le marché intérieur américain et sanctionnent en priorité les régions qui souffriront sans doute le plus de sa politique tarifaire et de sa vision protectionniste.
Les vainqueurs au niveau sectoriel : les banques et Tesla
Deux secteurs se détachent en novembre comme le montre le graphe ci-dessous : la finance et les biens de consommation durable. De nouveau l’élection de Trump a une grande influence sur ces performances. Le futur président a promis un « stop » aux mouvements de régulation du secteur bancaire, ce qui a réjoui les actionnaires des banques américaines. Quant au secteur de la consommation durable, il faut savoir que Tesla représente +/-10 % de l’indice. Et la victoire de Trump est aussi celle d’Elon Musk. Tesla est donc devenue une « action Trump » et a progressé de plus de 40 % depuis le 5 novembre !
La revanche des petites et moyennes capitalisations
Nous avons maintes fois souligné le grand retard pris ces dernières années par les petites et moyennes capitalisations par rapport aux sociétés de grande taille, et en particulier les « Magnificent 7 ». Cela se reflétait par ailleurs dans la valorisation devenue nettement plus attrayante des cours des plus petites entreprises, et nous avons décidé ces derniers temps de leur donner plus de poids dans nos portefeuilles.
La victoire de Trump semble avoir sonné le début d’un phénomène de rattrapage. Sur le graphe ci-dessous, on voit que l’indice Russel 2000, qui rassemble les petites et moyennes capitalisations, a fait deux fois mieux que l’indice global S&P 500 en novembre. Et cela peut facilement s’expliquer par le fait que la plupart des petites entreprises sont surtout tournées vers le marché intérieur américain. La politique protectionniste de Trump leur convient donc parfaitement.
Malgré ce premier mouvement les actions des petites et moyennes entreprises restent historiquement relativement intéressantes. On le constate clairement ci-dessous : aux États-Unis les primes de risque obtenues sur les petites et moyennes capitalisations restent bien supérieures à celles des grandes capitalisations, alors qu’historiquement avant 2021 on observait le contraire.
Les données macroéconomiques : encore les États-Unis
Les dernières publications économiques reflètent également une économie américaine en bonne forme générale. Ceci en contraste avec l’Europe qui subit une nouvelle détérioration de ses perspectives de croissance.
Les indices ISM
Les indices ISM traduisent les intentions des directeurs d’achat des entreprises. S’ils prévoient une accélération de l’activité économique, ils augmenteront leurs commandes afin d’y répondre. À l’inverse, s’ils craignent un ralentissement, ils réduiront leurs achats. La frontière entre les deux comportements se situe à 50 dans les résultats de l’enquête. On voit ci-dessous sur le graphe de gauche que les États-Unis restent au-dessus de 50 depuis juillet. Par contre, l’Europe s’enfonce sous 50. À droite, on voit que c’est surtout le secteur des services qui soutient l’indice américain, alors que l’industrie reste pour l’instant relativement déprimée.
La confiance des consommateurs et les ventes au détail
Alors que la campagne aggressive et incertaine des présidentielles avait plombé la confiance des consommateurs américains ces derniers mois, on constate un beau rebond en octobre-novembre (graphe de gauche). C’est l’inverse en Europe. Et les américains continuent imperturbablement à dépenser, comme le montrent les ventes au détail à droite. Mais cette fois-ci, il semble que le consommateur européen leur emboîte le pas.
L’inflation et la politique des banques centrales : incertitudes
Le chemin vers les 2 % compromis ?
Comme nous l’avions expliqué dans notre flash spécial sur les élections américaines, la politique tarifaire et migratoire de Trump comporte un risque de réactivation de l’inflation, en faisant grimper les prix et en mettant la pression sur le marché du travail et les salaires. Les tous derniers chiffres de l’inflation nominale et l’inflation de base (hors énergie et alimentation) ont déjà révélé que le mouvement de baisse se grippe quelque peu comme le montre le graphe ci-dessous.
Les investisseurs traduisent ces doutes dans l’inflation attendue sur les prochaines années, qui a augmenté aux États-Unis depuis mi-septembre, même si elle a un peu reculé dans la dernière semaine de novembre. Par contre, en Europe l’inflation attendue reste à un faible niveau pour l’instant. Cela pourrait changer si une guerre commerciale se déclare.
Que vont faire les banques centrales ?
Le graphe ci-dessous, que nous avons utilisé dans notre flash « spécial élections américaines », illustre parfaitement l’adaptation des attentes du marché concernant les futures baisses de taux de la Federal Reserve. Le lendemain des élections, la banque centrale a encore baissé ses taux de 0,25 %, et elle devrait probablement encore le faire en décembre. Mais pour 2025, l’incertitude est grande. Certains économistes n’hésitent pas à prédire qu’il n’y aura peut-être plus d’abaissements du tout, même si ce n’est pas le consensus.
En Europe, la BCE est confrontée à une croissance économique sous pression comme on l’a vu avec les indices PMI. Cela devrait l’inciter à poursuivre les baisses de taux de manière plus agressive. Mais si l’inflation mondiale remonte sous l’influence des mesures protectionnistes américaines, sa tâche deviendra également plus délicate.
Impact sur les taux d’intérêt de long terme
Les taux d’intérêt à long terme ont progressé aux États-Unis depuis mi-septembre sous l’influence du retour des craintes inflationnistes, ce qui a mis la pression sur les cours obligataires (à gauche sur le graphe). En Europe (ici représentée par l’Allemagne à droite), après une hausse initiale début octobre, les taux sont par contre vite retombés pour rejoindre presque leur point bas sur 6 mois. Cela illustre la différence d’anticipation d’inflation entre les deux régions.
Pauvre France
Nous devons enfin nous arrêter sur le cas très difficile de la France actuellement. Après le drame des élections législatives en juin, le gouvernement formé dans la douleur par Michel Barnier début septembre a fait une annonce choc en octobre : le déficit public de la France est bien plus inquiétant que prévu et se dirige vers 7 %, à des années-lumières de l’objectif européen de 3 %.
Depuis lors, de très difficiles négociations ont lieu sur le budget, mais les chances d’aboutir s’amenuisaient systématiquement en raison des multiplications de refus et « lignes rouges » en provenance des ailes radicales de la droite et de la gauche. Au moment d’écrire ces lignes, nous avons reçu la confirmation que le gouvernement français est tombé. L’écart de taux (ou « spread ») entre la France et l’Allemagne se creuse et dépasse maintenant clairement l’Espagne (voir graphe ci-dessous). Les plus inquiets parlent déjà d’un potentiel scénario « à la grecque » avec une sorte de mise sous tutelle de la France par l’Europe. Sans aller jusque-là, il n’est par contre pas impensable que le spread français rejoigne ou même dépasse celui de l’Italie dans un avenir proche.
Notre positionnement dans les fonds essentiels
La victoire sans appel de Donald Trump aux États-Unis a désigné un clair bénéficiaire lors des mouvements de marché qui ont suivi : les actions américaines. Par ailleurs, les données économiques mondiales ont confirmé un scénario de croissance modérée. L’Europe faiblit mais l’Asie évolue correctement. D’un autre côté, le programme de la nouvelle administration républicaine comporte des risques d’un retour de l’inflation (protectionnisme, tarifs, immigration). Cela pourrait mettre à nouveu la pression sur le marché obligataire.
La surpondération en actions nous paraît donc toujours amplement justifiée. Les obligations sont donc sous-pondérées, et toujours largement diversifiées.
Au sein des actions
Au sein des actions, nous maintenons notre surpondération en actions américaines. Nous l’avons même légèrement renforcée, notamment par l’achat d’actions du secteur technologique. Notre biais vers les petites et moyennes capitalisations nous paraît également justifié par la politique « America First » de Donald Trump, qui favorise les entreprises actives sur le marché intérieur, et qui sont souvent de plus petite taille.
Nous maintenons notre prudence sur l’Europe et sur la Chine, qui risquent d’être les cibles principales de la politique tarifaire américaine, en particulier les entreprises chinoises.
Au sein des obligations
La politique future du gouvernement américain pose des défis importants pour l’évolution future de l’inflation. Nous avions déjà, dès le mois de septembre, augmenté nos positions dans les obligations américaines liées à l’inflation. Mais le risque est que les pressions inflationnistes se généralisent à l’ensemble de l’économie mondiale en cas de guerre commerciale. Dès lors nous avons renforcé l’allocation en obligations européennes liées à l’inflation car le marché intègre selon nous insuffisamment ce risque sur l’inflation européenne.
Nous avons également pris la décision de vendre la plupart des obligations d’État françaises, car le risque d’une grave crise politique et budgétaire se précise. Nous avons réalloué ces ventes vers des obligations allemandes, irlandaises, finlandaises et autrichiennes.
Conclusion
Le contexte macroéconomique global reste favorable aux actions en général avec une croissance positive dans la plupart des régions. Les derniers développements politiques aux États-Unis ont eu une influence claire sur les allocations géographiques et sectorielles des investisseurs, mais correspondent dans les grandes lignes à notre positionnement actuel. Au niveau des obligations, les incertitudes autour du trajet futur de l’inflation sont intégrées dans notre gestion par l’utilisation d’instruments spécifiques et le maintien d’une grande diversification.
Si la fin de l’année réserve généralement peu de surprises dans un contexte de faibles volumes, nous nous préparons déjà à relever le défi d’une nouvelle année qui ne manquera pas de réserver son lot d’événements importants pour les marchés.
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