Le jeu des prévisions

Les marchés voient également ces signaux et estiment dans quelle mesure et à quelle vitesse les hausses de taux d'intérêt seront poursuivies par les banques centrales. D'une part, cela est basé sur les projections de fin d'année de divers responsables de la FED et sur l'état actuel de l'économie. Le graphique de gauche montre les prévisions ponctuelles des différents responsables de la FED en juin. D'ici fin 2022, la majorité s'attend à un taux directeur autour de 3,4 %, puis encore 0,4 % plus haut d’ici fin 2023, avant de baisser et d'évoluer progressivement vers un équilibre de long terme autour de 2,5 %. Cependant, le marché au sens large (graphique en bas à droite) estime de son côté que ce taux atteindra un pic d'environ 3,25 % en décembre de cette année, puis diminuera. Il spécule donc que moins de hausses de taux d'intérêt sont nécessaires pour ralentir l'économie.

La même spéculation a lieu en Europe sur l'inflation et les taux d'intérêt, à la différence que nous Européens, en tant qu'économie, sommes encore plus sensibles à l'inflation. Nous avons une économie ouverte qui est vulnérable au ralentissement mondial. Il reste à voir si l'intervention de la BCE par des hausses de taux d'intérêt aura un effet. La BCE doit suivre la banque centrale américaine pour que l'euro ne s'affaiblisse pas davantage car une monnaie faible importe de l'inflation. Le marché anticipe un taux directeur autour de 1,25 % d'ici 2 ans.


 

Prévisons FOMC
Hausses de taux intégrées dans le marché

Le ralentissement de la croissance

Nous avons déjà vu que l'inflation a un effet sur la trajectoire attendue des banques centrales et des taux d'intérêt à long terme. Mais elle a également un impact sur la croissance économique, la confiance des consommateurs, les bénéfices des entreprises et les valorisations des marchés financiers.

La croissance économique

Le graphique ci-dessous à gauche montre le chiffre PMI/ISM, qui est le degré de confiance que les directeurs des achats ont dans l'économie. Un chiffre supérieur à 50 implique une économie expansive avec un taux de croissance stable et une donnée supérieure à 55 implique même une accélération de la croissance. Un chiffre en dessous de 50 signifie que les directeurs d’achats prévoient une contraction. Il est frappant de constater que les États-Unis (bleu clair) et l'Europe (rouge) subissent une tendance à la baisse, mais avec un chiffre toujours supérieur à 50. Le Japon (noir) imprime de nouveau une tendance à la hausse au-dessus de 50 et la Chine sort progressivement d'un creux, mais ce redressement demande confirmation dans les mois à venir.

Le graphique de droite quant à lui montre les indices de surprises économiques où un chiffre supérieur à 0 implique que les données économiques publiées sont meilleures que prévu. Ces indices affichent tous un chiffre inférieur à 0 qui indique un ralentissement économique.

 

PMI/ISM
Indices des surprises économiques

La confiance des consommateurs

La confiance des consommateurs, un indicateur économique qui mesure le degré d'optimisme des consommateurs quant à l'état général de l'économie de leur pays et à leur propre situation financière, est également une mesure importante de la croissance économique. Ici aussi, nous voyons une tendance à la baisse pour l'Amérique (vert) et l'Europe (rose), ce qui implique que les consommateurs sont moins enclins à dépenser de l'argent, et ce qui provoque un refroidissement de l'économie.

Cependant, un léger regain d’optimisme est de mise si l'on en croit les derniers chiffres du Michigan Consumer Sentiment Index. Il s'agit d'une enquête mensuelle sur la façon dont les consommateurs jugent l'économie, leurs finances personnelles, la marche des affaires et leur capacité de dépenses. Une légère amélioration des anticipations d'inflation est perceptible. Cela pourrait potentiellement freiner l'urgence de hausses de taux plus prononcées.

 

Evolutions attendue bénéfices d'entreprises

Les primes de risque

Malgré la hausse des taux d'intérêt, qui pèse négativement sur les marchés boursiers si elle n'est pas compensée par la croissance économique, et malgré les risques géographiques et la baisse des actions, les investisseurs sont toujours rémunérés à un niveau historiquement proche de la moyenne pour le risque supplémentaire qu'ils prennent aujourd'hui. Pour le risque actions, il existe désormais un rendement supplémentaire attendu par rapport à une obligation d'État de respectivement 4,5 %, 7,5 %, 8,25 % et 8,25 % pour l'Amérique (ligne verte), la Chine (ligne bleue), l'Europe (ligne bleu foncé) et le Japon (ligne rouge).

Les rendements potentiels plus élevés en dehors des États-Unis sont obtenus d'une part, par des taux d'intérêt plus bas sur les obligations d'État et d'autre part, par des valorisations plus faibles. Les risques accrus jouent également un rôle : en Europe, la dépendance au pétrole et au gaz, en Chine, les confinements et au Japon, la dépendance vis-à-vis des relations commerciales avec la Chine et l'affaiblissement de la monnaie.

 

Prime de risque

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