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L’inflation : l’ennemi commun partout dans le monde
Un long chapitre sera ici consacré à l'inflation. Ce phénomène est le déterminant essentiel pour la politique des banques centrales, les taux d'intérêt, la prévision de croissance économique, les bénéfices des entreprises attendus, la confiance des consommateurs et le sentiment des marchés boursiers.
D’une inflation « temporaire » à une inflation persistante
L'inflation a grimpé en flèche dans le monde entier au cours de l'année écoulée. Initialement, au printemps de l’année dernière, elle a été attribuée à des problèmes de chaîne d'approvisionnement « temporaires » qui se sont avérés plus persistants que prévu. Les politiques budgétaires américaines excessivement stimulantes de l'an dernier ont alimenté une forte demande qui a exacerbé le choc de l'offre mondiale. Au début de cette année, l'invasion russe de l'Ukraine a aggravé l'inflation liée à l’énergie et à l’alimentation partout dans le monde. Les grandes banques centrales ont répondu à la pandémie par des politiques monétaires ultra-stimulantes qui ont apporté du combustible aux différentes poussées d'inflation.
Les différentes composantes de l’inflation
En d'autres termes, l'inflation n'a pas été qu'un phénomène monétaire. À cet égard, passons brièvement en revue les données d'inflation les plus récentes, illustrées dans le graphique ci-dessous, pour la zone euro et les États-Unis :
Dans la Zone Euro
Plus de la moitié du problème d'inflation des 12 derniers mois a été attribuée à la hausse des prix de l'énergie et des denrées alimentaires, alimentée par les effets de l'invasion russe. Les graphiques ci-dessous montrent que pour l'IPC global, également appelé indice des prix à la consommation, l'inflation nominale (ligne noire) était de 8,6 % en glissement annuel en juin, mais de seulement 3,7 % pour l'IPC sous-jacente (ligne verte). L'inflation sous-jacente correspond à l'inflation hors prix de l'alimentation et de l'énergie.
Aux États-Unis
L'IPC de juin était également de 8,6 % en glissement annuel (ligne rose), mais le chiffre de l’inflation sous-jacente était de 6 % (ligne bleue). La relance budgétaire a considérablement augmenté l'inflation des biens de consommation durables. L'argent facile a engendré un boom immobilier qui alimente l'inflation locative, fortement représentée dans les chiffres de l'IPC. Les maisons sont devenues moins abordables parce que leurs prix ont augmenté, et maintenant aussi parce que les taux hypothécaires augmentent.
Les banques centrales à l’ouvrage
Les banques centrales ne peuvent pas faire grand-chose contre les prix élevés de l'énergie, de la nourriture et des loyers, à part mettre la demande sous pression avec des politiques monétaires plus restricitves. Elles s'y emploient actuellement, ce qui rapproche leurs économies d’une situation de récession. Pendant ce temps, certains signes indiquent que les prix élevés font eux-mêmes baisser la demande et stimulent l'offre de certains éléments clés de l'IPC.
Une inflation induite par les coûts
Comme nous venons de le mentionner, les banques centrales ne peuvent pas faire grand-chose contre les composantes de l'inflation induite par les coûts, telles que les hausses des prix des matières premières, de l'alimentation et de l'énergie, entre autres. En conséquence, dans une plus ou moins grande mesure, les entreprises répercutent leurs coûts d'intrants et de main-d'œuvre plus élevés dans les produits finaux, ce qui rend l'inflation omniprésente dans tout le système économique et aussi plus persistante (d’où le chiffre élevé de 6 % de l’inflation sous-jacente aux États-Unis).
Une solution : la vérité générale suivante s'applique aux négociants en matières premières et en pétrole : le meilleur remède aux prix élevés des matières premières et de l'énergie sont les prix élevés des matières premières et de l'énergie. En d'autres termes, des prix élevés ont tendance à stimuler l'offre et à réduire la demande. Les premiers signes en sont visibles sur le graphique ci-contre. Depuis l'invasion, la plupart des cours des matières premières ont chuté en dollars en dehors des prix de l'énergie (ligne rouge).
Les prix de l’énergie
Un contexte défavorable
Mais le pétrole et le gaz restent l’élément perturbateur dans l'histoire de l'inflation. Nous voyons plusieurs initiatives pour faire baisser les cours. Mais d'une part, la baisse des investissements dans le secteur traditionnel de l'énergie ces dernières années et d'autre part, la fermeture du robinet du pétrole et du gaz par Poutine ont de nouveau provoqué un décalage entre l'offre et la demande.
La recherche de solutions
Pour éviter une nouvelle escalade de la crise énergétique, la Maison Blanche s'est tournée vers ses réserves stratégiques de pétrole dès mars, et des pourparlers sont en cours entre Joe Biden et les dirigeants des plus grandes sociétés énergétiques américaines pour augmenter la production. Le président américain se rendra également en Arabie saoudite le mois prochain pour voir si davantage de production est possible là-bas. Outre ces solutions potentielles du côté de l'offre, la demande peut également être freinée.
Premiers effets sur l’offre et la demande
Les derniers développements confirment l'augmentation de la production et la baisse de la demande :
- La production pétrolière américaine (pétrole et gaz) a atteint 19,4 millions de barils par jour en avril (ligne rouge dans le premier graphique ci-dessous).
- En outre, comme le montrent les livraisons totales de produits pétroliers, la demande américaine est restée stable à environ 20,0 millions de barils par jour depuis le début de l'année (ligne rouge dans le deuxième graphique ci-dessous).
Source : LinkedIn Edward Yardeni
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