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Un regard sur l’avenir
25 juin 2020
Auteur : Matthieu De Coster , gestionnaire de fonds chez Argenta Asset Management
Les derniers chiffres économiques publiés s’avèrent encourageants et correspondent à la version favorable de notre scénario. Les solides performances boursières s’expliquent en partie par ces chiffres, mais aussi et surtout par les soutiens financiers supplémentaires qui sont implémentés ainsi que par les progrès enregistrés dans la lutte contre le Covid-19. Il est cependant difficile de prévoir la réaction des marchés lors de l’annonce des résultats indubitablement mauvais des entreprises pour le second trimestre, et comment la pandémie évoluera dans les prochains mois. Nous conservons notre position un peu plus prudente en ce qui concerne les actions.
Une évolution encourageante des statistiques financières
Il s’agit certes d’un signe fragile, d’une amorce de redressement, mais plusieurs indicateurs économiques se sont effectivement améliorés. Les chiffres des indices PMI (indice des directeurs d’achats) qui anticipent l’activité des entreprises sont revenus juste en-dessous de la barre des 50 et indiquent un affaiblissement de la spirale négative. Ce phénomène s’observe tant en Chine qu’aux États-Unis et en Europe. Nous avons constaté par ailleurs une activité immobilière étonnamment solide en mai aux États-Unis (+16,6 % pour la vente de logements neufs par rapport au mois précédent), une augmentation des dépenses dans les magasins en Amérique et dans la zone euro, et un redressement du moral des entrepreneurs notamment en Allemagne. L’ensemble de ces améliorations se résume dans l’indicateur des surprises économiques qui est redevenu très positif aux États-Unis et dans l’eurozone.
Entre-temps, les analystes ne revoient plus à la baisse les attentes de bénéfices à un an des entreprises, et semblent avoir identifié un niveau de stabilisation.
Un redressement complet vers les niveaux observés avant l’apparition du virus est attendu par les analystes pour 2021 ou plus tard. Un rebond rapide trouve sa justification dans les arguments suivants :
- La crise a été provoquée par un choc externe et non par un déséquilibre au sein de l’économie. Les appareils de production et de consommation peuvent en principe reprendre leur fonctionnement d’avant la crise.
- L’activité économique bénéficie d’un « apport en énergie » alimenté par l’ampleur, la rapidité et la synergie des stimuli monétaires et fiscaux.
- Les derniers chiffres dévoilés montrent une réouverture rapide des magasins.
Comme déjà mentionné à suffisance, les bourses ont anticipé ces faits. Ci-dessous, nous pouvons voir l’évolution de quelques indices boursiers importants :
Grâce au niveau très faible des taux d’intérêt et à la résilience des investisseurs, la dégradation des résultats d’entreprises visible sur le premier graphique n’a pas conduit à des dégâts supplémentaires sur les bourses. Les primes de risque nous permettent d’évaluer à quel niveau nous sommes rémunérés aujourd’hui pour la prise de risque en actions. Cette rémunération (= la prime de risque) est actuellement légèrement inférieure à la moyenne. Cela nous incite à la prudence, surtout si l’on y ajoute la volatilité attendue qui est toujours élevée.
Les investisseurs ont donc tenu compte de l’impact des mesures de soutien et de la réouverture progressive de l’économie. Un retour à un confinement complet dans tous les pays comme nous l’avons connu au niveau mondial parait aujourd’hui très improbable. Des mesures sont certes à nouveau renforcées localement, mais les dégâts au niveau économique incitent de nombreux gouvernements à se limiter à des directives concernant l’hygiène, le port de masques et la distanciation sociale.
Chez Argenta également, nous croyons à la reprise progressive de l’économie. En dépit de cela, la publication des résultats d’entreprises négatifs pour le second trimestre peut conduire au retour d’une pression vendeuse sur les marchés. Nous nous attendons en conséquence à une recrudescence de la volatilité et n’entrevoyons pas de fortes hausses boursières à court terme. Le soutien financier des autorités et les liquidités encore prêtes à être investies devraient cependant servir d’amortisseur de chocs.
Les mesures de soutien : la séance de rattrapage européenne
Nous ne pouvons pas manquer d’évoquer le paquet de soutien de 750 milliards actuellement sur la table de la Commission européenne. Ce paquet provient d’un proposition conjointe de l’Allemagne et de la France. L’Allemagne, en particulier, a effectué un virage du mode « épargne » vers le mode « stimulus ». Ce soutien serait destiné aux pays les plus touchés par la crise sanitaire au niveau de leur économie. L’Italie, l’Espagne et la France elle-même obtiendraient des aides importantes. On s’attend à la conclusion d’un accord dans le courant du mois de juillet.
Un consensus incluant les pays les plus économes pourrait se dégager en imposant des projets de réformes (au niveau du marché du travail, des impôts et de la législation) conditionnant les aides. Il est réconfortant de voir que le premier ministre néerlandais Mark Rutte comprend l’urgence de la situation, et nous le paraphrasons : « Nous devons éviter que l’Europe et l’Union européenne, en tant que protecteur essentiel de la sécurité et de la stabilité dans le monde, ne sorte affaiblie de cette crise ». Cette nouvelle a inspiré les bourses européennes qui ont progressé à leur tour. En Italie, les débats sont entre-temps déjà vifs pour savoir comment utiliser ces aides. On envisage, entre autres, une diminution temporaire de la TVA pour les secteurs les plus touchés par la crise.
En règle générale une conviction largement partagée s’est imposée ces dernières semaines, considérant que les mesures de soutien budgétaire et surtout monétaires allaient demeurer présentes pour une longue période aux États-Unis et en Europe. Ces perspectives ont aussi une conséquence pour les décisions d’investissement des entreprises et des acteurs financiers. Les entreprises reçoivent plus d’assurance concernant le coût de financement de leurs projets d’investissement. Les investisseurs savent que les placements en liquidités et en obligations « sûres » généreront pendant encore longtemps insuffisamment d’apport à leur bien-être. Cela apporte du soutien aux cours de bourse.
La lutte du monde médical contre le Covid 19
Nous constatons ici et là des résurgences du virus et en particulier, des chiffres désastreux en Amérique Latine. De même, aux États-Unis, nous ne pouvons pas encore parler d’une tendance baissière alors que le nombre de nouvelles infections reste élevé. Par contre l’économie mondiale se dirige plutôt vers une réouverture progressive et non vers une nouvelle paralysie, sauf quelques exceptions au niveau local. Le rythme attendu de ce déconfinement de l’économie est en partie basé sur le combat contre la pandémie mené par le monde médical.
Le 16 juin, nous avons appris que le médicament déjà connu sous le nom de Dexamethasone augmente les chances de survie des patients les plus atteints. Ceci constitue une excellente nouvelle, mais certaines activités (tourisme et événements) ne pourront vraiment reprendre que lorsque nous pourrons nous défaire de toute crainte de contacts sociaux. Et pour cela, un vaccin est indispensable.
La route vers la découverte d’un vaccin s’avère assez prometteuse avec plus de 140 vaccins actuellement en cours d’examen. La piste la plus concrète est un vaccin d’AstraZeneca en collaboration avec l’université d’Oxford, qui se trouve déjà en phase III (ce qui signifie qu’il est testé sur plusieurs milliers d’individus) et qui pourrait se trouver sur le marché dès le mois d’octobre. La capacité de production totale est estimée à 2 milliards de doses. De manière assez ironique, ce vaccin utilise un virus pour transporter certains gènes de Covid-19 dans nos cellules et créer ainsi une réaction immunitaire.
Ces progrès au niveau médical soutiennent la tendance à un élargissement graduel des activités économiques.
Quelles opérations avons-nous effectuées dans nos fonds essentiels ?
Les grandes quantités de liquidités qui sont injectées dans l’économie grâce aux mesures de soutien monétaires et budgétaires entrainent des valorisations plus élevées pour les actions et les obligations. Il est donc crucial de rechercher de manière disciplinée les entreprises qui peuvent dégager suffisemment de croissance en regard de leur coût d’investissement. Aujourd’hui, nous n’investissons que très peu au travers de véhicules d’investissement passifs qui ont des positions sur l’ensemble du marché. Les circonstances actuelles exigent des investissements de qualité qui doivent être analysés en fonction de leur valorisation. Nous trouvons suffisamment de perspectives de croissance dans nos thèmes de la sécurité, du lifestyle, de la robotique, de l’énergie renouvelable, du vieillissement, de la nouvelle finance et des technologies liées à l’eau.
La discipline que nous devons montrer aujourd’hui en tant qu’investisseur s’exprime également dans l’allocation d’actifs. Nous sommes plus que jamais submergés de nouvelles autour du virus, des mesures de soutien, des évolutions économiques et politiques, mais nous ne devons pas toujours les transcrire dans des adaptations de nos portefeuilles. La vision de long terme qu’Argenta poursuit est le rocher sur lequel un portefeuille d’investissement peut aujourd’hui s’appuyer.
Nous avons maintenu notre allocation d’actifs inchangée depuis notre dernier flash. Les tensions commerciales éventuelles (Chine et États-Unis, Brexit), la pandémie du Covid-19 ou de mauvais résultats d’entreprises peuvent certainement peser sur le sentiment boursier. À l’inverse, nous constatons les mesures de soutien financier et les progrès médicaux. Ces forces antagonistes entrainent des mouvements de marché importants. La rémunération sur les actions est aujourd’hui légèrement inférieure à sa moyenne historique. Cela nous amène à conserver notre position un peu plus prudente en ce qui concerne les actions.
Du côté obligataire, nous avons pris des bénéfices sur une partie de nos obligations d’État allemandes. Cette valeur refuge est devenue moins attrayante à la suite du soutien important apporté aux pays en difficulté. Nos positions sur l’Italie, l’Espagne et le Portugal ont fortement progressé en valeur grâce à ce soutien et nous considérons que cette tendance va se poursuivre. La périphérie européenne conserve donc un poids important dans notre portefeuille.
Au niveau des obligations d’entreprises nous sommes par contre devenus plus sélectifs. Les obligations de haut rendement englobent beaucoup d’entreprises en difficulté (surtout dans le secteur du tourisme, de la finance et de l’énergie). Nous avons renforcé nos portefeuilles avec des obligations de sociétés qui sont actives dans nos thèmes de long terme et qui ont reçu une note de crédit élevée.
Conclusion
Nous avons évolué vers un monde caractérisé par des taux d’intérêt faibles et qui le resteront un certain temps. Cet environnement soutient les entreprises dans le financement de leurs activités. En conséquence, les rendements attendus des instruments à taux fixe sont peu élevés. Cela pousse notre allocation d’actifs vers plus d’actions, mais les hausses récentes des bourses justifient une pause. Nous restons légèrement sous-pondérés par rapport à notre positionnement neutre.
En raison des mouvements erratiques des indices boursiers et des sociétés individuelles, un portefeuille trop réduit ou trop concentré peut aujourd’hui gagner ou perdre beaucoup de valeur en peu de temps. Cela ne constitue clairement pas une approche d’investissement saine. Chez Argenta, nous préférons augmenter la sécurité en pensant et en investissant à long terme. Nous gérons les fonds essentiels selon ce credo. Dans nos fonds, nous maintenons un équilibre sain, en détenant d’une part suffisamment d’instruments sous-jacents qui servent d’amortisseur lorsque les marchés deviennent plus turbulents. D’autre part, nous faisons aussi en sorte d’être positionnés de telle manière que nous pouvons profiter d’un rebond comme celui que nous avons vécu ces derniers mois. Les deux aspects sont essentiels pour votre portefeuille.
Notre attention toute entière est portée vers la gestion attentive et professionnelle des avoirs de nos clients en toutes circonstances, et en particulier dans cet environnement exceptionnel dans lequel nous vivons actuellement.
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