5 bonnes surprises en 2025

18 décembre 2024

Nous avons malheureusement oublié où nous l’avons lu et comment on le mesure. Mais des études scientifiques montrent qu’il faut cinq fois plus d’énergie pour créer un air joyeux que pour composer une chanson triste. Par extension, il en va peut-être aussi de même pour l’élaboration d’un scénario positif pour l’avenir par rapport à des prévisions pessimistes. Par conséquent, à l’approche de la fin de l’année, on est inondé de scénarios moroses dans lesquels des tas de choses vont mal. Cela coûte tout simplement moins d’énergie aux auteurs.

En guise d’antidote à toute cette sinistrose, nous présentons cinq évolutions qui pourraient s’avérer plus favorables que prévu au cours de l’année à venir. Même si nous sommes par la suite en fait un peu déçus, nous aurons pu un peu réchauffer notre esprit à cette idée. Vorfreude ist schönste Freude (L’anticipation est la plus belle des joies), avons-nous appris de nos voisins de l’Est. 

1. Détente géopolitique

Nous commençons là où les besoins sont les plus importants. Il se pourrait qu’un cessez-le-feu soit effectivement annoncé prochainement sur le front ukraino-russe, puis suivi de négociations de paix menant à un équilibre durable. Malgré toutes les mauvaises nouvelles, nous n’en sommes plus très loin. En théorie, du moins.

En attendant, le gouvernement de Kiev n’a d’autre choix que d’accepter les faits. La réalité est malheureusement qu’il est devenu quasiment impossible de reconquérir les territoires volés par la Russie. En revanche, pour la Russie, une catastrophe économique se profile à l’horizon, car les efforts de guerre menacent de perturber complètement le pays. Non pas à court terme, car l’industrie de guerre est le moteur de la croissance économique, mais à moyen terme, car l’inflation grimpe en flèche et le manque d’investissements dans les infrastructures de base déstabilise le pays.

Une pression décisive de part et d’autre, des États-Unis sur Kiev et de la Chine sur Moscou, peut accélérer considérablement ce processus. Tout l’art consiste à offrir aux deux camps une solution qui puisse être vendue comme une victoire à l’électorat national. C’est tout à fait possible. Les territoires conquis par la Russie correspondent (grosso modo) aux provinces orientales qui devaient bénéficier d’une plus grande autonomie dans le cadre des accords de Minsk (II) en 2015. Cela n’a pas été le cas pour diverses raisons, ce qui a suscité un mécontentement croissant en Russie. Le gouvernement de Kiev peut vendre la consolidation de la situation actuelle sur le front oriental en interne comme un rappel aux dirigeants européens qui avaient très laborieusement mis au point l’accord à l’époque.

Les chances de réussite d’un tel plan de paix augmentent considérablement lorsqu’il s’accompagne de la promesse de mesures de soutien économique de grande envergure et d’un plan Marshall[1] visant à reconstruire les infrastructures détruites en Ukraine.

À Moscou, on peut dire que leur action patriotique a mis ce même Occident à genoux et a suscité le respect nécessaire. Si cela permet d’accélérer un accord de paix, en ce qui nous concerne, quiconque met une plume dans l’encrier peut inventer et écrire sa propre vérité.

L’amorce de ce processus de paix pourrait donner une poussée d’adrénaline à l’économie européenne, qui est de plus en plus confrontée à son désavantage concurrentiel par rapport aux États-Unis et ne peut plus nier son déclin industriel. Sur le Vieux Continent, les indicateurs économiques semblent actuellement très faibles et la nouvelle d’un plan de paix crédible sera très appréciée.

L’influent philosophe des sciences Karl Popper[2] disait qu’il est de notre devoir d’être optimistes. Mais cela ne nous prive pas du droit d’être également réalistes. L’instabilité politique en France et en Allemagne mine actuellement la solidité de l’Union européenne. Par ailleurs, le nouveau président américain pourrait rapidement se lasser de son rôle de colombe de la paix.

Mais ne vous laissez pas décourager par ces pensées inquiétantes, car entre-temps, nous envisageons déjà un deuxième scénario positif qui peut être dérivé de la reprise cyclique attendue aux États-Unis.

2. Accélération de la croissance économique américaine

La vague conjoncturelle pourrait être déclenchée par l’accueil enthousiaste qui attend l’administration Trump. Du moins, dans la mesure où elle est capable de faire passer la baisse promise de l’impôt sur les sociétés et de réduire la pression réglementaire sur les entreprises américaines, sans raviver l’inflation.

Dans un tel scénario, les bénéfices des entreprises américaines pourraient encore s’accélérer sur leur trajectoire de croissance déjà impressionnante et - toutes choses égales par ailleurs[3] - amener les marchés boursiers vers de nouveaux niveaux records. Le soutien présumé du régime Trump aux méga-entreprises américaines comme moyen d’imposer l’hégémonie économique pourrait propulser les Magnificent 7 et le fameux indice FANG[4] à des hauteurs stratosphériques.

Graphique : Évolution de l’indice NYSE FANG par rapport à la zone euro, à l’indice mondial et à la Chine.

Graphique : Évolution de l’indice NYSE FANG par rapport à la zone euro, à l’indice mondial et à la Chine.

3. La banque centrale réalise (enfin) ses erreurs

La banque centrale américaine pourrait donner une troisième impulsion positive aux marchés financiers. On part actuellement du principe que la baisse des taux d’intérêt du 18 décembre sera la dernière pour l’instant. Le bouton « pause » devrait rester enfoncé jusqu’au troisième trimestre 2025. Pour expliquer son actuelle réticence, la Fed cite les taux d’inflation tenaces qui, à ce niveau, n’invitent pas à de nouvelles baisses des taux d’intérêt. Plusieurs éléments pourraient néanmoins inciter la Fed à plus de bienveillance.

La raison la plus évidente serait une accélération de la tendance à la baisse des indicateurs d’inflation. Nous n’excluons pas un tel scénario si les loyers se stabilisent et si les entreprises s’adaptent suffisamment à la forte hausse des coûts de financement. Le potentiel de baisse de l’inflation américaine reste limité, mais cela n’empêche certainement pas un assouplissement de la politique des taux d’intérêt. Une stabilisation de l’inflation suffit, et celle-ci est attendue pour le premier semestre 2025. Lorsque la conviction d’une telle évolution commencera à se concrétiser, l’enthousiasme de la meute d’investisseurs sera encore difficile à contenir.

Par ailleurs, l’administration Trump ne ménagera pas ses efforts pour accroître la pression sur la banque centrale. Son indépendance est une épine dans le pied de la politique du gouvernement centraliste, qui cherche à étendre le pouvoir présidentiel. Une politique de taux d’intérêt restrictive (comme la Fed la maintient actuellement à tort) pourrait affaiblir considérablement l’impact des mesures économiques stimulantes.

Sous la précédente administration Trump, l’indépendance de la banque centrale avait été ouvertement attaquée, mais cela s’était retourné contre elle en 2018. Elle le fera désormais de manière beaucoup plus subtile, mais aussi plus ciblée. Ainsi, la menace de l’introduction des cryptomonnaies, entre autres, pourrait inciter la Fed à plus de tolérance. Mais Trump risque de provoquer une grande volatilité sur les marchés des changes et une forte perte de valeur du dollar américain, ce qui aura un effet fortement dissuasif. Cela nous amène sans transition à un quatrième rebondissement inattendu.

4. Droits de douane : beaucoup de bêlements, peu de laine ?

Le président nouvellement élu ne cache pas sa volonté d’utiliser l’augmentation des droits de douane comme massue. D’une part, pour persuader les puissances étrangères de faire preuve d’une plus grande indulgence géopolitique, mais d’autre part aussi, pour dissuader les entreprises américaines de délocaliser leur production dans des pays à bas salaires.

Le second aspect conduira, dans le meilleur des cas, à une automatisation encore plus poussée et donc à la destruction de l’emploi. Dans le cas le plus probable, cette politique donnera lieu à une surchauffe du marché de l’emploi interne, entraînant inévitablement une hausse de la pression salariale et de l’inflation.

Dans les deux scénarios, le président sera très rapidement confronté aux effets pervers de sa politique tarifaire irresponsable et le libre-échange international bénéficiera à nouveau du répit nécessaire. Dans un tel scénario, seuls la Chine et un nombre limité de produits européens continueront de subir de plein fouet les conséquences de la crise. Les marchés européens surferont alors sur une vague de soulagement en 2025. 

5. Et puis le thème le plus important pour les Belges

Enfin, et pour terminer sur une note optimiste : en 2025, Wout van Aert et Remco Evenepoel seront miraculeusement épargnés par la malchance qui hante ces deux héros sportifs depuis des années. Pour le plus grand plaisir des Belges amateurs de cyclisme, ils enchaîneront les victoires dans les classiques de printemps, les petites courses par étapes et les grands tours, permettant aux habitants de notre petit pays d’oublier pour un temps leurs problèmes économiques croissants et leurs déficits budgétaires de plus en plus importants.

[1] Cela semble difficile en ces temps de dérapages budgétaires en Europe. Mais lorsque la majeure partie de ces subventions revient aux entreprises européennes qui se chargent de la reconstruction, un plan de relance est largement amorti à terme.

[2] Karl Popper (1902-1994) était, à notre humble avis, un sage de premier ordre. C’est grâce à lui qu’est née l’idée cruciale de la falsification, par opposition à la méthode alors courante des observations et des théories scientifiques en découlant. Ou en langage humain : C’est en faisant des erreurs qu’on apprend.

[3] « Si toutes les autres circonstances restent inchangées. » Une phrase répétée jusqu’à satiété en économie, utilisée à tort et à travers et - surtout - jamais applicable dans la réalité.

[4] Apple, Microsoft, Amazon, Alphabet, Meta, NVIDIA et Tesla. Ajoutons-y Servicenow, Broadcom et Crowdstrike et on obtient le fameux indice FANG. 

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