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La bataille contre l’inflation est-elle terminée ?
10 février 2023
Auteur: Xander Michielsen, gestionnaire de fonds d’Argenta Asset Management
Depuis le début de 2023, la bourse a connu une évolution très favorable. Les actions européennes ont notamment réussi à surprendre positivement, portées par des chiffres économiques moins mauvais que prévu. Le marché boursier chinois a réagi avec enthousiasme à la réouverture de l’économie. L'inflation aux Etats-Unis a pu confirmer sa tendance baissière, amenant la banque centrale américaine à modérer progressivement sa politique de resserrement monétaire. Les banques centrales ont certes de nouveau relevé les taux d'intérêt, mais conformément aux attentes des marchés. Les prochains mois diront si cela aura suffi à garder l’inflation totalement sous contrôle et quel sera l’impact sur la croissance économique.
L’inflation : où en est-on ?
L’inflation aux États-Unis prend la bonne direction
L'inflation a atteint un tournant aux États-Unis et parvient à diminuer progressivement. L'inflation globale, en particulier, a fortement baissé sous l'influence de la chute des prix de l'énergie et des denrées alimentaires. Les prix des biens de consommation durables (biens physiques) se sont également repliés, contribuant à confirmer cette tendance à la baisse. Par contre, les prix des services sont toujours sur une tendance à la hausse. Conjugué à la vigueur du marché du travail, cet effet pourrait signifier que l'inflation sous-jacente aura des difficultés à atteindre les 2 %. Chose dont le marché se préoccupe moins pour le moment, tandis que le pic d'inflation est probablement derrière nous.
Il reste du pain sur la planche en Europe
La politique de la banque centrale européenne est loin derrière celle des États-Unis. La BCE a commencé à relever les taux d'intérêt quelques mois plus tard et a agi de manière modérée pendant un certain temps. On a en effet longtemps soutenu que les causes de l'inflation étaient temporaires. Mais il est clair que l'inflation européenne doit être davantage combattue. Dans sa globalité, elle est en effet encore nettement supérieure à celle des États-Unis.
L'image globale de l'inflation européenne montre une baisse, mais cela est largement dû à la baisse des prix de l'énergie et des denrées alimentaires. La chute brutale du prix du gaz a ici un impact énorme. Cela donne l'impression que le pic d'inflation en Europe est également derrière nous, mais tant que l'inflation sous-jacente reste aussi forte, il est trop prématuré pour crier victoire et la BCE devra prendre des mesures supplémentaires. L'inflation sous-jacente exclut l'énergie et l'alimentation et est donc beaucoup plus structurelle. Il est donc important que l'inflation sous-jacente entame le même chemin baissier si la BCE veut ralentir ses hausses de taux.
À combien de hausses de taux devons-nous encore nous attendre ?
Les marchés financiers ont déjà fait face à une série de hausses de taux. Alors que la banque centrale américaine met déjà en œuvre des hausses de taux d'intérêt moins agressives, la banque centrale européenne a conservé un ton plus volontaire.
Le marché s'attend à ce que les hausses de taux aux États-Unis soient proches de leur sommet. La fin du cycle de hausse est donc en vue, mais cela ne veut pas dire que les taux d'intérêt seront bientôt révisés à la baisse. Le marché tente d’interpréter correctement les commentaires de Jerome Powell (président de la banque centrale américaine) pour fixer ses prévisions de taux. Les pénuries sur le marché du travail sont de nature systématique, ce qui signifie que les pressions inflationnistes peuvent persister un certain temps. Le marché s'attend donc à une nouvelle hausse des taux directeurs autour de 5%. Il est cependant frappant de constater qu'à partir de 2024, un taux directeur plus bas est de nouveau intégré, signe que le marché estime que l'inflation sera maîtrisée et qu’il sera économiquement nécessaire d’instaurer une politique plus souple. Cela se reflète également dans l'inflation anticipée.
Pour l'Europe, une nouvelle hausse des taux d'intérêt est prévue jusqu’à environ 3 %. Il y a aussi des appels à des hausses de taux d'intérêt plus nombreuses et plus rapides, car l'inflation européenne est encore aujourd'hui à un niveau très élevé par rapport au taux directeur. Il n'y a pas encore de signes clairs indiquant que l'inflation sous-jacente ralentirait. Le marché du travail est solide et continue d'exercer une pression sur les salaires. Les prix des biens et services ne baissent pas non plus.
Quel est l’effet sur les résultats d’entreprises ?
Les résultats d’entreprises pour la fin de 2022 ont été meilleurs que prévu. Pour les États-Unis, les résultats d'exploitation attendus à 1 an sont revus à la baisse, mais on ne parle pas ici de fortes corrections. Les anticipations en Europe ont encore été revues à la hausse. La forte baisse des prix du gaz a relâché la pression et l'Europe a également annoncé un plan de soutien en réponse à la « loi sur la réduction de l'inflation » annoncée aux États-Unis.
Pourtant, il y a des raisons pour ne pas être exagérément optimiste. L'impact de la hausse des taux d'intérêt ne s'est en effet pas encore matérialisé. Les coûts de financement ont en effet grimpé en flèche suite aux mouvements à la hausse des taux. L'inflation est toujours présente et la confiance des consommateurs est en baisse. Le ralentissement de la croissance économique aura aussi un effet sur les marges des entreprises. Enfin les coûts des intrants ont augmenté et il y a une pénurie de main-d'œuvre qui pourrait entraîner de nouvelles augmentations de salaire. Il y a donc une chance réaliste que les bénéfices des entreprises déçoivent dans le futur et doivent être révisés à la baisse.
Du côté de la Chine, les bénéfices des entreprises ont déjà connu une correction, probablement en raison des mesures strictes liées à l’épidémie de Covid-19. Depuis la récente réouverture et la volonté politique de ne plus ralentir l'économie par des mesures restrictives, les résultats d’entreprises attendus ont déjà connu un joli rebond. D'autres indicateurs du climat économique sont également devenus positifs.
Notre positionnement dans les fonds essentiels
Actions
Nous avons commencé l'année avec une position sous-pondérée en actions. Malgré le rallye du début d'année, cette position a été maintenue. Les perspectives globales sont devenues moins sombres, mais la valorisation plus élevée qui a suivi la hausse des cours suppose que les bénéfices des entreprises resteront intacts, ce qui n’est pas notre sentiment. Cela signifie que nous limitons le risque actions pour tous les différents profils de portefeuille.
L'Europe s'est montrée plus résistante que prévu. Le fait que les prix de l'énergie aient fortement chuté et que l'Europe ait constitué d'importantes réserves a fortement relâché la pression. Nous avons renforcé l'Europe depuis la fin de 2022 en plusieurs phases, même si nous avons conservé une position sous-pondérée. Le fait que la Banque centrale européenne continue de relever les taux d'intérêt, le conflit militaire en Ukraine, le taux d'endettement élevé des pays du sud de l'Europe, l'inflation toujours élevée, et enfin la forte baisse de la prime de risque nous incitent toujours à la prudence.
L’allocation en actions chinoises pouvant bénéficier de la consommation intérieure a été augmentée. La Chine a encore un énorme potentiel de croissance en ce qui concerne les bénéfices de ses entreprises, qui peuvent encore bénéficier d’un effet de rattrapage sur le reste du monde.
Le marché boursier américain est quant à lui richement valorisé, mais nous voyons toujours des opportunités dans les thèmes à long terme. Pour financer les achats en Europe et en Chine, la part non thématique du marché américain a été réduite.
Obligations et liquidités
L'allocation d'actifs a sensiblement changé. La proportion d'obligations a été augmentée en utilisant la réserve de trésorerie. Une partie de cette trésorerie a été activée et investie dans des obligations d'État françaises et allemandes d'une durée de dix ans. Certaines des obligations qui ont été achetées sont indexées sur l'inflation et évolueront favorablemernt si l'inflation en Europe devait durer plus longtemps que prévu. La sous-pondération des obligations d'État d'Europe de l'Ouest a ainsi été en partie éliminée après la forte hausse des taux d'intérêt à long terme. Le choix des deux pays mentionnés ci-dessus découle de leur caractère plus défensif au sein de l'Europe.
Les obligations d'entreprises des pays scandinaves ont été relevées compte tenu du rendement courant élevé et de la sensibilité limitée aux taux d'intérêt. Les entreprises scandinaves utilisent de plus en plus les marchés de capitaux pour leur financement, ce qui en fait un marché en croissance rapide. L'offre d'obligations d'entreprises scandinaves augmente, tandis que la demande des investisseurs reste pour l'instant limitée. De ce fait, ces obligations offrent souvent un rendement très attractif, surtout si l'on tient compte de leur position économique forte. Pour la position qui a été augmentée, la couronne norvégienne est couverte, de sorte qu'aucun risque de change supplémentaire n'est pris.
Afin de diversifier notre portefeuille obligataire hors de l’Europe et des États-Unis, les obligations d'État des pays émergents ont été augmentées. En moyenne, on observe moins d'inflation dans ces régions qu'en occident car les banques centrales sont intervenues plus rapidement.
Conclusion
D'une part, de nombreux indicateurs économiques ont évolué positivement par rapport à il y a quelques mois. En conséquence, le risque d'une récession sévère a fortement diminué. Le marché financier a réagi très positivement à ces développements. Au milieu de cette dynamique positive du marché boursier, il est important de conserver un regard sobre. Le positionnement est défensif là où nous voyons les plus grands risques : par exemple la sous-pondération des actions est maintenue car de nombreux facteurs peuvent encore affecter les bénéfices des entreprises. Au sein de la section actions, nous parvenons à profiter de l'évolution positive du marché boursier grâce à une sélection thématique. D’autre part, notre concentration sur la qualité et la diversification reste d'une importance cruciale. Les obligations offrent quant à elles à nouveau des rendements intéressants. Cela donne au portefeuille d'investissement un tampon de rendement supplémentaire.
Nous restons entièrement concentrés sur la gestion attentionnée et professionnelle des investissements de nos clients. Tous les jours et en toutes circonstances.
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