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Une nouvelle semaine, un nouveau record boursier ?
19 avril 2021
Cela n’étonnerait plus personne. Au cours des mois écoulés, les marchés d’actions aux États-Unis et en Europe ont grimpé toujours plus haut, ne trébuchant au passage que quelques rares fois. Malgré la pandémie persistante et le confinement qui exerce encore sa mainmise sur l’économie. Mais la perspective d’une campagne de vaccination en phase finale à l’automne et la batterie de stimulants financiers qui donneront à coup sûr un coup de fouet inédit à la croissance économique alimentent l’optimisme des investisseurs à l’égard de l’évolution conjoncturelle future.
Graphique 1 : Évolution des indices S&P Composite, Dow Jones, MSCI Eurozone et NASDAQ
(indice return en monnaie locale)
La croissance économique réalisée aux États-Unis et en Chine au cours du trimestre écoulé était pour le moins impressionnante. Mais, contrairement aux premiers, le géant rouge a réussi à décevoir quelque peu, malgré une croissance trimestrielle de 18,3 % du PIB chinois et un bond de 34 % des dépenses de consommation. L’élan semble cependant s’émousser un peu(1), si l’on examine la plupart des indicateurs conjoncturels récents.
La progression des taux d’intérêt à long terme aux États-Unis n’a provoqué qu’une brève réaction d’effroi. Et à juste titre puisqu’une remontée des taux s’accompagne généralement de bourses en hausse. Et cela contrairement aux affirmations que l’on retrouve dans la presse populaire. Cette dernière se fonde sur la corrélation apparemment négative entre les cours des actions et les taux d’intérêt qui a été observée le siècle dernier. À l’époque, une progression des taux signalait surtout le risque d’une hausse de l’inflation. Mais l’histoire financière plus récente nous enseigne que des taux d’intérêt qui progressent annoncent une augmentation de la croissance économique.
Les taux d’intérêt à long terme américains ont d’ailleurs reflué, précisément en raison de la baisse des attentes inflationnistes. Certes, la vigilance reste de mise quant à l’évolution future des prix, mais les prix à la production se sont stabilisés entre-temps et les prix au détail n’affichent pour l’instant qu’une hausse limitée (il est vrai légèrement supérieure à ce qui était prévu). Les statistiques du marché de l’emploi les plus récentes n’indiquent pas non plus de dérapage des rémunérations et des salaires (sauf dans le secteur financier(2)).
Dans les procès-verbaux récents des discussions de la banque centrale américaine, on note d’ailleurs un ajustement progressif de sa position incroyable consistant à ne pas augmenter le taux directeur avant 2023. Le taux d’intérêt à court terme sera cependant relevé dès que le taux de chômage aura reculé jusqu’à son niveau d’avant la pandémie. Or, cette condition sera vraisemblablement déjà remplie en 2022. Les marchés financiers tiennent donc déjà compte d’une première hausse de 25 points de base dans les douze mois qui viennent et de deux hausses complémentaires en 2023.
Rien qui doive nous inquiéter. Après un reflux initial lors de la première remontée du taux directeur, les bourses évoluent traditionnellement 10 % plus haut dans l’année qui suit. Pour le reste, les valorisations actuelles sur les marchés d’actions ne nous donnent pas l’impression d’un niveau exagéré parce qu’elles traduisent mécaniquement la faiblesse des taux d’intérêt, l’ampleur des stimulants financiers, l’inévitable net rebond conjoncturel, la pression inflationniste modérée et les bénéfices des entreprises attendus.
Le danger ne provient donc pas d’une éventuelle surévaluation, mais se situe davantage du côté des résultats des entreprises qui seront publiés aux États-Unis dans les prochaines semaines. Nous ne doutons pas une seconde que ces résultats seront excellents, mais quant à savoir s’ils répondront aux attentes très élevées, c’est une tout autre affaire. Certains sans doute, d’autres non. Les déceptions donneront lieu à de sévères corrections boursières. Les confirmations des attentes ne susciteront qu’un accueil très tiède (elles sont en effet déjà intégrées dans les cours actuels).
Nous tablons donc tout au plus sur une évolution sans direction précise sur les bourses au cours des semaines à venir. Pourvu que les taux d’intérêt à long terme restent suffisamment bas, que le taux de vaccination progresse au rythme prévu (et surtout réussisse comme on l’espère à ralentir la propagation du virus), que les stimulants économiques dopent l’activité des entreprises et que celles-ci décident ainsi d’investir et de créer des emplois, l’avenir sourira aux bourses.
Un double caveat emptor(3), cependant. D’une part, l’inquiétude relative à une escalade de l’inflation n’a certainement pas disparu. Une forte progression de prix au détail pèserait sur la confiance et le budget des dépenses disponible (en termes réels) du consommateur, ce qui neutraliserait une bonne partie de l’impact positif des stimulants économiques.
D’autre part, notre préoccupation à l’égard de l’évolution de la pandémie n’a que peu diminué. Les chiffres alarmants récents émanant du Brésil et de l’Inde indiquent que le virus peut expérimenter à une échelle croissante de nouveaux variants, pratiquement sans entrave, contre lesquels les vaccins actuels n’ont pas (encore) prouvé leur efficacité. Ce n’est plus qu’une question de temps avant que ces nouveaux variants débarquent chez nous.
La technique du confinement n’a d’ailleurs plus qu’un impact relativement marginal sur la propagation du virus. L’effet positif sur l’épidémie pèse de moins en moins par rapport au coût sociétal et économique élevé des mesures de restriction. Le taux d’accélération des contaminations ne diminue plus en effet que très légèrement. Seule une campagne de vaccination efficace offre la solution nécessaire (s’agissant des variants actuels...).
Donc, s’il vous plaît, abstenez-vous encore de programmer toute fête de la libération. Des interactions sociales plus nombreuses dans un environnement familier seront possibles. Mais il faut surtout éviter encore longtemps les concentrations de foules composées aléatoirement de participants venus de tous horizons.(4)
Notre allocation d’actifs reste surpondérée en actions, avec des accents géographiques aux États-Unis et en Europe et, sur le plan sectoriel, une préférence marquée pour la technologie, les dépenses life-style et les valeurs industrielles de qualité. Nous continuons à éviter les banques européennes, tout comme (pour l’instant) la plupart des pays émergents. La faiblesse du taux de change du dollar américain et le bas niveau des taux d’intérêt aux États-Unis donnent cependant à nouveau un peu d’air à la plupart des pays asiatiques. Au niveau obligataire, les opportunités d’investissement se font de plus en plus rares, maintenant que même les obligations des pays du sud de l’Europe n’offrent eux aussi plus qu’une très modeste rémunération.
[1] Mais nous l’avions déjà signalé au cours des semaines précédentes sur la base des indicateurs conjoncturels avancés en Chine, tels que le rapport Caixin et le baromètre PMI.
[2] Ce tableau est confirmé par la progression gigantesque des bénéfices bancaires aux États-Unis. On en est loin en Europe.
[3] Traduit librement : acheteur, regarde (toujours) où tu vas. Il t’incombe en effet toujours un devoir d’information.
[4] Nous appelons solennellement à ne permettre aucun festival en 2021. Mais leur organisation de lobbying est puissante... Nous vous proposons donc d’emblée une solution de rechange au cas où l’ambiance des plaines de festivals vous manquerait : Regardez (et écoutez) à nouveau le concert de David Bowie à Glastonbury en 2000 qui avait été retransmis intégralement (l’été dernier). Ou Adèle en 2016, dans ce même endroit mythique. Des propos salés exprimés d’une voix douce, un mix inédit jusqu’ici. Malgré les avertissements préalables à ce sujet, on pouvait voir et écouter ces concerts dans leur intégralité à la BBC en juin 2020.
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