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Up, up and away
7 avril 2021
Même les indécrottables optimistes (comme nous) observent avec un étonnement croissant l’évolution des baromètres conjoncturels mondiaux. Tant aux États-Unis que sur le Vieux continent, les indicateurs économiques (avancés) ont peine à dissimuler leur enthousiasme sur ce qui se profile à l’horizon : un saut à la verticale, ce qui en dit long. Seule l’économie chinoise se montre encore très languissante.
Graphique 1 : Évolution conjoncturelle attendue de l’industrie aux États-Unis, dans la zone euro et en Chine
Cette fièvre printanière ne se limite d’ailleurs pas à la composante industrielle de l’économie européenne et américaine. Les perspectives des secteurs des services reprennent de très belles couleurs également. La combinaison des indicateurs pour les secteurs américains des services et de l’industrie permet ainsi d’avancer un pronostic spectaculaire, tout simplement inédit. Too good to be true?
Graphique 2 : Vue globale des attentes conjoncturelles aux États-Unis
Ces prévisions très positives se réaliseront-elles effectivement ? Cela dépendra surtout de l’efficacité des vaccins destinés à faire reculer la pandémie.
De notre côté, nous nous gardons de toute naïveté à cet égard. Certes, les pays où le taux de vaccination est élevé affichent clairement une baisse de l’accélération des contaminations, mais le nombre total de ces dernières continue tout de même à augmenter (légèrement). L’euphorie n’est donc pas de mise, pas même en Israël. Au pays de la Bible, les vaccinations se sont déroulées à une vitesse miraculeuse et à grande échelle. Mais il n’y est encore question que d’une stabilisation du taux de contamination. Certes, après avoir fait subir au virus une solide dégelée. Mais tout n’est pas gagné pour autant.
Il est probable que la vaccination prévue de la population dans nos contrées sera suffisante pour assouplir la plupart des mesures de restriction actuelles, extrêmement dures tant pour l’économie que pour la société en général, mais l’organisation d’événements de masse, y compris à l’automne, restera très risquée.
Les perspectives conjoncturelles positives s’appuient en tout cas d’ores et déjà sur des signaux positifs du marché du travail. Aux États-Unis en particulier où le taux de chômage a chuté jusqu’au niveau de 6 %. En Europe, les autorités ont décidé dès le déclenchement de l’épidémie de mener (selon leurs bonnes vieilles habitudes) une politique de subsides pour maintenir autant que possible le niveau de l’emploi. D’où une réaction haussière moins forte du taux de chômage européen en 2020 et donc aussi un mouvement de redressement plus lent en 2021.
Graphique 3 : Évolution du chômage aux États-Unis et dans la zone euro
Le FMI a même osé affirmer qu’il ne s’attendait à aucun dommage permanent, ni sur le plan de la croissance économique future, ni s’agissant de l’emploi. Nous pensons tout de même que la future organisation du travail sera très différente avec un recours (encore) plus prononcé à l’automatisation, à la robotique, une moindre concentration dans les pays à bas salaires et une plus grande place réservée au télétravail.
Ce qui va se passer précisément, nous ne pourrons vous le dire que dans une dizaine d’années. Mais, entre-temps, il nous semble très avisé de nous doter d’un diplôme approprié ou en tout cas d’une qualification allant dans ce sens...
La banque centrale américaine ambitionne de réaliser le plein emploi aux États-Unis et, à cette fin, se déclare prête à s’écarter temporairement de ses objectifs d’inflation. Cela signifie qu’elle ne freinera pas la montée de l’inflation dans un premier temps, avec l’engagement ferme de ne procéder à aucun relèvement de son taux directeur jusqu’en 2023. Cette promesse nous semble cependant aussi crédible qu’une histoire ayant pour vedette les cloches de Pâques...
Nous ne sommes d’ailleurs pas les seuls à nous montrer sceptiques. En calculant le taux attendu dans les 12 mois sur les placements à 1 an à partir de la structure actuelle des taux d’intérêt, on voit qu’il intègre une très grande probabilité (80 % !) que le taux à court terme aux États-Unis augmente tout de même l’an prochain de 25 points de base. Pour l’heure, cela nous semble plus réaliste que la position de la Fed, mais nous nous empressons de souligner qu’une hausse de taux d’un quart de pour cent ne serait certainement pas une catastrophe.
Et gardons à l’esprit que le frein annoncé sur le taux directeur de la Fed ne vaut bien entendu que pour les taux à court terme. Les taux d’intérêt à long terme sont davantage déterminés par les marchés financiers. Les banques centrales peuvent cependant les maintenir à un niveau très bas, et pendant de longues périodes, en mettant en œuvre des programmes substantiels de rachats d’obligations. Pour l’instant, ces programmes sont menés à une très grande échelle en Europe. Mais c’est moins clair aux États-Unis.
Les taux à long terme américains ont incontestablement progressé, mais leur sommet récent se situe encore largement en dessous de leur niveau d’avant la pandémie. Entre-temps, le taux de référence des obligations d’État à 10 ans s’est même remis à reculer. En soi, c’est une bonne nouvelle, si ce n’est que ce recul se traduit aussi par une dépréciation du dollar américain par rapport à l’euro.
Le scénario économique d’inspiration positive (et c’est un sacré euphémisme) a déjà débouché entre-temps sur de nouveaux records boursiers impressionnants aux États-Unis et la poursuite de la progression des indices d’actions en Europe.
Graphique 4 : Évolution des indices S&P composite, NASDAQ, Dow Jones et MSCI zone euro (indice prix en monnaie locale)
La faiblesse des taux d’intérêt, la perspective d’une croissance économique substantielle et la stabilité des primes de risque hissent les bourses d’actions à des sommets, sans conduire pour autant à des surévaluations potentielles des cours boursiers. Les primes de risque précitées – qui rémunèrent les fluctuations boursières futures – nous font très forte impression alors que la flexibilité de l’économie et la réaction sereine des bourses à la pandémie font voir l’avenir en rose aux investisseurs.
Si nous avons pu surmonter la pire dégringolade économique de ces 75 dernières années si rapidement, qu’est-ce qui pourrait encore nous arriver(1) ? Mais ce n’est jamais une bonne idée de défier le sort.
Les perspectives conjoncturelles favorables influencent bien entendu notre allocation d’actifs. Nous surpondérons largement les actions. Sur le plan géographique, ces investissements sont surtout axés sur les États-Unis, la zone euro et la Scandinavie, avec des accents sectoriels que sont la technologie, des types de consommation spécifiques et un intérêt marqué pour les valeurs industrielles de qualité. Au niveau obligataire, si nous restons sous-pondérés, la hausse (limitée) des taux nous offre la possibilité d’augmenter très progressivement nos positions en obligations d’entreprises aux États-Unis et en Scandinavie. Légèrement épicées d’obligations d’État polonaises et chinoises.
[1] Des éruptions volcaniques et des conflits nucléaires, par exemple.
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