2021, une année qui a enrichi notre vocabulaire et nous fait à nouveau croire aux revenants.

3 janvier 2022

Janvier, une nouvelle année civile et financière débute. Depuis près de deux ans maintenant, nous vivons des circonstances exceptionnelles. Elles ont eu un impact dans nos vies, nos habitudes, nos relations, et il en va de même des marchés financiers. COVID, ces 5 lettres ont à nouveau largement dominé l’année écoulée, et vont encore très probablement occuper une place importante en 2022.

Que pouvons-nous retenir de 2021, et quelles leçons pouvons-nous en tirer pour 2022 ? Cette lettre de Nouvel An tentera de vous éclairer tout en adoptant un ton divertissant. Bonne lecture, et Bonne Année Nouvelle !

Affinez vos connaissances en acronymes

L’avez-vous remarqué ? Nous avons vu apparaître ces dernières années, et encore plus ces derniers mois, un florilège d’acronymes utilisés pour décrire les conditions de marché, les interventions des autorités ou les nouvelles règles en terme de durabilité. En voici quelques-unes particulièrement populaires, la liste étant non-exhaustive.

1- Les actions une nouvelle fois grandes gagnantes en 2021 : TINA

TINA ou « There is no alternative » (il n’y a pas d’alternative) : dans un contexte de taux d’intérêt faméliques qui persiste depuis des années, les actions n’ont pas eu beaucoup de difficultés à faire de nouveau mieux que leurs consoeurs obligataires. D’autant plus qu’il s’agissait de l’année de la reprise économique après l’éclatement de la pandémie en 2020. L’indice mondial MSCI World termine l’année sur une hausse de près de 30 % exprimée en euros. Le rendement de la plupart des obligations a été proche de zéro, si l’on ne tient pas compte des effets de devises.

Cela veut-il dire que nous pouvons oublier les obligations dans nos portefeuilles à l’avenir ? C’est aller un peu vite en besogne. Tout d’abord TINA sévissait déjà sur les marchés en 2000, et cela ne s’est pas si bien terminé au final. Ensuite, les actions sont peut-être rentables sur le long-terme, mais elles sont aussi plus volatiles à court-terme. Est-on tous capables de supporter cette volatilité ? Enfin, le long-terme n’est peut-être pas un horizon qui convient à tout le monde. Comme on le rappellera une nouvelle fois dans nos « bonnes résolutions » pour 2022, l’adage « connais-toi toi-même » reste essentiel quand on investit : quel est notre horizon d’investissement, et quelle est notre tolérance au risque ?

2- Chaque baisse des indices a été mise à profit pour acheter : BTD et FOMO

La bourse n’a pas été un long fleuve tranquille en 2021. Mais chaque correction a rapidement été contrée par un rebond plus ou moins rapide. On a pu lire souvent sur les réseaux sociaux consacrés aux marchés, ce genre de commentaire : « don’t worry and buy the dip (BTD) ». Ne vous inquiétez pas, achetez dans la baisse. Ce sont des réactions typiques dans un marché haussier et marqué par un optimisme à toute épreuve des investisseurs.

De même on évoque de plus en plus le phénomène FOMO, et pas seulement dans les investissements. « The fear of missing out », ou la peur de rater une opportunité, règne presque partout : la peur de ne pas profiter d’une promotion publicitaire, la peur de rater un nouveau job intéressant, la peur de ne pas suivre le train numérique… mais aussi la peur de rater une opportunité d’investissement ! Et ces deux phénomènes combinés, BTD et FOMO, on fait en sorte que d’importantes liquidités se mobilisaient pour acheter les actions après chaque recul de quelques pourcents.

De nouveau, il faut prendre ce phénomène avec le recul nécessaire. Nous nous trouvons ici dans l’univers de l’émotion plus que dans la rationalité. L’important à nos yeux est de comprendre et de vérifier que la hausse des marchés reste justifiée, avec le sang-froid nécessaire à une gestion de bon père de famille.

3- Les milliards publics continuent d’affluer : BBB

Nous l’avions évoqué dans notre flash de début décembre : le gouvernement américain semble avoir trouvé le chaudron magique qui déborde de dollars. Après l’adoption du plan d’infrastructure début novembre, un plan encore plus gigantesque de 1 750 milliards de dollars est en attente d’une adoption au sénat : le plan BBB, ou « build back better », que l’on pourrait traduire par « reconstruire en mieux ». Ce plan a pour but de soutenir la classe moyenne américaine, très éprouvée par les crises financière et pandémique, en adoptant une série de mesures à caractère essentiellement social. Mais il contient aussi le plan climatique américain, pour plus de 500 milliards, indispensable pour permettre au pays d’atteindre ses objectifs, notamment en termes de neutralité carbone.

Joe Biden bij Build Back Better

Hélas pour Joe Biden, le plan est actuellement bloqué par la résistance d’un sénateur démocrate qui le trouve trop onéreux pour les finances publiques. Or, les Démocrates ne disposent que d’une majorité d’une voix au Sénat. Mais les négociations se poursuivent en coulisses. Ce plan est important car il donnerait un soutien supplémentaire évident à la croissance et à la consommation aux États-Unis.  

4 - 2021, année de la durabilité : COP, SFDR et SDG

Le réchauffement climatique, les émissions de carbone, la fonte des glaciers, la bonne gouvernance, l’égalité hommes / femmes… 2021 a été, encore plus clairement que les années précédentes, l’année de la durabilité. Les autorités publiques ont été très actives dans le domaine, entre le sommet des Nations-Unies ou COP 26 (pour « conference of the parties », ou conférence des acteurs impliqués), le plan européen « Green Deal » et le plan BBB américain.

Mais dans le monde de la finance également, de nouvelles règles ont vu le jour pour mieux encadrer l’investissement durable. En 2019, la Commission européenne a adopté un règlement relatif à la publication d’informations en matière de durabilité dans le secteur des services financiers, ou règlement SFDR (pour « sustainable finance disclosure regulation »). Il impose aux acteurs des marchés financiers et aux conseillers financiers de l'UE des règles en matière de transparence en ce qui concerne l'intégration des risques de durabilité et la prise en compte des impacts négatifs sur la durabilité dans leurs processus d’investissement et de conseil. Il permet une classification plus claire des fonds d’investissement selon leur degré de durabilité.

Une partie de cette classification se base sur les SDG (pour « sustainable development goals » ou objectifs de développement durable), qui avaient été arrêtés lors du sommet de Rio et ont été adoptés par l'Assemblée générale de l'ONU avec l'Agenda 2030 de développement durable. Au cours des prochaines années, 17 SDG qui sont liés à 169 objectifs doivent former un plan d'action afin de libérer l'humanité de la pauvreté et de remettre la planète sur la voie de la durabilité. Ces objectifs reflètent les trois dimensions du développement durable : les aspects économique, social et écologique.

Les investisseurs professionnels doivent maintenant déterminer quelle sera leur attitude en termes de durabilité de leurs fonds. Chez Argenta Asset Management, notre volonté ne fait aucun doute : notre banque a toujours placé la durabilité dans ses priorités absolues, et il en va de même pour nos fonds de placement.

En économie et en finance, le Phénix renaît aussi de ses cendres

Cover van BusinessWeek - The Death of Equities
Cover van Bloomberg Businessweek - Is Inflation Dead?

En observant les couvertures de Business Week ci-dessus, on ne peut pas dire que le magazine a découvert la boule de cristal. En 1979, après des années de disette sur les marchés boursiers, il annoncait « la mort des actions ». C’était 2 ans avant le début de la plus formidable hausse des bourses de tous les temps. En 2019, il remet le couvert sur « la mort de l’inflation ». Et quand on voit les chiffres élevés d’inflation deux ans plus tard, on se dit que Business Week est un bon moyen de prédire quand un Phénix va renaître de ses cendres.

Le décollage de l’inflation a été le grand sujet de 2021 à côté de la COVID. On a revu des progressions de prix que l’on n’avait plus observées depuis parfois des décennies. Les causes en sont multiples : goulots d’étranglement dans la production de biens, forte hausse de la consommation à la suite des déconfinements progressifs, hausse du prix des matières premières… Un grand débat s’est ouvert sur le caractère durable ou non de cette inflation. Au départ, les autorités monétaires parlaient du caractère provisoire de la hausse des prix qui allait se résoudre au fur et à mesure que les goulots d’étranglement allaient disparaitre. Mais récemment la banque centrale américaine a revu sa position et craint que l’inflation perdure encore quelque temps.

Ce sujet fait l’objet d’une attention accrue de notre part car une inflation trop forte durant une longue période risque de poser problème pour l’économie, et donc pour les marchés financiers. Dans un premier temps cependant, il pose un risque potentiel plus important pour les obligations si les taux d’intérêt augmentent, tandis que les actions peuvent vivre avec l’inflation tant qu’elle ne dégrade pas les marges bénéficiaires.

Grâce au coronavirus, nous sommes tous devenus des spécialistes en alphabet grec

« Quand il n’y en a plus, il y en a encore » chantait Stromae dans son premier succès. Alors qu’on espérait êtres plus malins que le coronavirus grâce aux campagnes de vaccination massive, il s’avère que le virus est plus vicieux que prévu. Diverses mutations et autant de variants voient le jour au fil des contaminations. Et à chaque variant sa lettre de l’alphabet grec. Toutes ne sont pas utilisées cependant : « Nu » ressemblait trop à « no » en anglais. « Xi » faisait référence à un certain leader mondial qui n’aurait pas apprécié d’être associé au virus. Nous en sommes donc déjà à Omicron, qui s’avère encore nettement plus contagieux que les précédents et nous précipite à nouveau dans des confinements partiels ou « durs ».

Grieks alfabet

Il y a quand même un point positif important qui semble se confirmer au fil des études : Omicron est plus contagieux, mais aussi bien moins aggressif, le taux d’hospitalisation étant 40 à 50 % inférieur au variant Delta. Lors de l’épisode de grippe espagnole au début du 20siécle, nous avions assisté au même phénomène, qui marquait alors la fin proche de la pandémie. Espérons que l’histoire se répète avant que les lettres grecques viennent à manquer !

Quelles résolutons pour 2022 ?

Chaque début d’année, de nombreux économistes et stratégistes se livrent au jeu périlleux des prédictions pour les 12 mois à venir. Cet exercice est cependant souvent ingrat et peu enrichissant. Quand on parle d’une année civile, on fait des projections à court-terme, qui sont soumises à des aléas souvent imprévisibles et qui influencent les marchés de manière souvent disproportionnée. Nous préférons dès lors vous rappeler quelques résolutions utiles que tout investisseur peut appliquer de tout temps.

L’an dernier à la même époque, nous avions proposé 6 résolutions, que nous vous invitons volontiers à relire car elles restent toutes d’actualité. Nous souhaitons nous attarder en particulier sur 3 d’entre elles, qui ont montré toute leur utilité en 2021. Et nous vous en rajoutons une septième en bonus.

Je ne mets pas tous mes oeufs dans le même panier

2021 a été le témoin de nombreuses rotations entre secteurs et thèmes d’investissement sur la bourse. Un jour on privilège les actions cycliques et bancaires pour profiter du rebond économique, un peu plus tard on revient sur les actions défensives et de qualité lorsque qu’un nouveau variant du virus menace la reprise. On espère d’abord un renouveau en Chine ou au Japon, avant de se réfugier en Europe ou aux États-Unis lorsque les espoirs sont déçus.

Dans la partie obligataire, on assiste aux mêmes revirements et hésitations : les taux vont-ils grimper sous l’effet de l’envol de l’inflation ? Ou au contraire resteront-ils faibles en raison du besoin des autorités publiques et monétaires de maintenir des taux d’intérêt réels négatifs pour alléger le poids des dettes ?

Ces constatations soulignent l’importance d’une forte diversification des investissements, où l’on peut certes mettre l’accent sur des convictions de long-terme, mais où l’on se prémunit d’un risque de concentration trop importante du risque. Au sein d’Argenta Asset Management, les fonds essentiels ont l’ambition très claire de remplir ce rôle. Là où en tant que client vous voyez une ligne dans votre portefeuille, nous diversifions les positions sur des milliers de lignes sous-jacentes (via des investissements directs et des fonds). Notre ambition est de vous offir un rendement correct sur le long-terme tout en répartissant suffisamment les risques.

Je me laisse guider par mes émotions en amour, mais j’évite de le faire dans mes investissements

Les moments d’émotion et de stress n’ont à nouveau pas manqué en 2021. Les records répétés des chiffres d’inflation ont fait trembler les investisseurs à plusieurs reprises. L’apparition du variant Omicron début novembre a créé un début de panique sur les marchés. Et pourtant à chaque fois, la première réaction des investisseurs n’a pas été la bonne. Cela souligne une nouvelle fois l’importance de garder son sang-froid, de prendre du recul et d’analyser les faits avant de prendre des décisions hâtives. C’est un prérequis indispensable du métier de gestionnaire, et nous nous efforçons d’appliquer cette règle avec rigueur dans la gestion de nos fonds.

Je ne fais pas de prédictions à court-terme car les marchés boursiers sont comme les courants marins, en perpétuel mouvement

2021 a prouvé une nouvelle fois que tenter de prédire les mouvements de marché à court-terme pour effectuer des entrées et sorties réussies est un excercice extrêmement délicat, voire impossible. Dans le graphe ci-dessous, nous avons entouré les quelques moments de correction sur la bourse mondiale. Seul un timing très précis, et parfaitement correct, aurait pu ajouter de la performance aux investissements. Autant dire qu’une bonne dose de chance était requise pour réussir ce pari. Et nous ne gérons pas en confiant notre sort à Dame Chance. Il est bien plus important de déterminer ses convictions de marché sur le plus long terme, tout en n’oubliant pas de les mettre régulièrement à l’épreuve des faits.

Évolution des marchés boursiers en 2021

Notre résolution bonus : quand j’investis, je ne consulte pas mon rétroviseur mais je regarde l’avenir et mon profil d’investisseur

Dans la vie, nous prenons souvent des décisions basées sur une expérience passée. Ma sœur a très bien mangé dans ce restaurant, je vais donc réserver dans ce restaurant. Mon cousin a été très content de sa dernière Tesla, je vais donc m’acheter une Tesla. Cela peut souvent être profitable, mais parfois pas du tout : pensez par exemple à l’armée française qui a souffert des attaques de l’infanterie allemande en 1914, et qui a construit la ligne Maginot. Et puis est arrivée la Blitskrieg à travers les Ardennes…

En bourse aussi, nous sommes tentés de faire la même chose : les actions bancaires sont montées, je vais en acheter. La bourse chinoise a été mauvaise, je vends mes actions chinoises. Mais cette attitude est dangereuse car elle néglige la partie la plus essentielle pour déterminer son rendement futur : les perspectives d’avenir. De même, quand on se dit « les actions ont fait mieux que les obligations, je mets tout en actions », on ne tient probablement plus compte de son profil d’investisseur et de sa tolérance au risque. Il est indispensable de garder ces éléments à l’esprit quand on analyse le marché.

Nous espérons que ce billet de Nouvel An vous aura diverti et surtout intéressé, et nous vous souhaitons à toutes et tous une excellente année 2022 !

 

Vos gestionnaires d’Argenta Asset Management

 

Argenta Asset Management-fondsbeheerders

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