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« It’s raining money again » aux États-Unis
10 décembre 2021
Auteur : Vincent Coppée, gestionnaire de fonds chez Argenta Asset Management
L’approbation définitive du plan d’infrastructure et celle probable, dans les prochaines semaines, du plan socio-économique « build back better » gonflent les aides du gouvernement américain de près de 3 000 milliards de dollars supplémentaires. Entretemps les entreprises au niveau mondial ont à nouveau publié d’excellents résultats pour le 3e trimestre. Les banques centrales de leur côté insistent sur le fait que tout resserrement de politique monétaire se fera très progressivement afin de ne pas heurter l’économie et les marchés. Ce contexte a de nouveau favorisé les actions pendant la majeure partie de novembre.
Le ciel n’est cependant pas dégagé de tout nuage : l’inflation persiste, même si la perspective de la disparition progressive des goulots d’étranglement dans l’économie devrait faire diminuer la pression sur les prix. Et le coronavirus continue de jouer les trouble-fête, alors que le variant Delta provoque une flambée des infections en Europe et qu’un nouveau variant, potentiellement encore plus contagieux, vient d’apparaître en Afrique du Sud. Nous restons cependant positifs sur les actions, qui conservent des perspectives de rendement supérieures aux obligations, tout en maintenant une large diversification dans nos positions en portefeuille.
La puissance de frappe financière du gouvernement américain
Les États-Unis auraient-ils réussi à rejoindre le bout de l’arc-en-ciel et à trouver le chaudron de pièces d’or ? On pourrait avoir cette impression quand on regarde l’ensemble des plans de dépenses votés depuis le début de la pandémie.
En novembre, le plan d’infrastructure de 1000 milliards de dollars a été adopté. Il s’étalera sur près de 10 ans. Un accent particulier sera mis sur l’infrastructure durable (énergie solaire et éolienne, infrastructure de support au développement de véhicules électriques, etc…). Ce plan ambitieux génèrera un surplus de revenus réparti sur près d’une décennie pour les acteurs qui seront impliqués dans sa mise en œuvre. Nous avons investi dans une sélection d’entreprises qui seront les plus susceptibles de profiter de ce plan.
Par ailleurs le plan « Build Back Better », dont les Démocrates espèrent l’adoption avant Noël, dispose d’un budget encore plus impressionnant de 1 750 milliards de dollars. Ce plan, aux forts accents sociaux, a pour but de renforcer la classe moyenne aux États-Unis, qui a beaucoup souffert de la crise financière et de la pandémie. Cette classe moyenne est traditionnellement celle qui soutient le plus efficacement la croissance économique, car elle dépense plus et se montre entreprenante. Le plan prévoit par ailleurs d’importantes dépenses pour combattre la crise climatique.
Bien entendu, ces plans successifs doivent être financés et une augmentation supplémentaire de la dette fédérale, à des niveaux jamais atteints, semble inévitable. Mais ce sont manifestement des soucis pour plus tard, et entretemps une manne supplémentaire d’argent frais va inonder l’économie américaine et soutenir la reprise de la croissance.
Un troisième trimestre d’excellente facture pour les résultats d’entreprises
Même si la base de comparaison devient de plus en plus difficile (il était facile de faire mieux que prévu lorsque la comparaison se faisait avec le plancher d’avril 2020), les résultats publiés par les entreprises pour le 3e trimestre sont une nouvelle fois impressionnants. Aux États-Unis, plus de 80 % des sociétés ont fait mieux que prévu. Les secteurs de la technologie et des soins de santé se distinguent avec plus de 90 % des résultats au-dessus des attentes. Les chiffres sont moins extraordinaires en Europe, mais avec tout de même plus de 65 % des chiffres publiés qui font mieux que prévu. Ici, ce sont les secteurs de la finance, des matériaux de base et des soins de santé qui se distinguent.
Résultats du 3e trimestre États-Unis (vs consensus)
Résultats du 3e trimestre Europe (vs consensus)
Les analystes restent en outre confiants pour les mois à venir. Comme le montre le graphique ci-dessous, leurs attentes de croissance à 12 mois restent importantes, même si logiquement en baisse par rapport au sommet du premier semestre 2021. Seule la Chine fait exception, en grande partie en raison des secousses du secteur immobilier et des interventions brutales et répétées de l’État dans divers autres secteurs de l’économie (jeux en ligne, éducation en ligne, finance…).
Nous surveillons cependant de près l’évolution de la prime de risque sur les actions, qui baisse progressivement aux États-Unis, même si son niveau reste correct. En Europe et au Japon par contre, elle reste élevée et très attractive.
Les chiffres de l’inflation continuent à battre des records, mais les anticipations se réduisent quelque peu
L’inflation continue de faire la une dans les médias, au fur et à mesure que les chiffres battent de nouveaux records. En Belgique, l’indice général des prix a progressé de 5,64 % en base annuelle en novembre, essentiellement sous l’influence des prix de l’énergie. C’est du jamais vu depuis 2008. L’inflation de base, qui exclut l’énergie et l’alimentation, a aussi augmenté mais de manière bien plus limitée à 2,14 %.
Par contre, les anticipations d’inflation du marché se sont calmées récemment, en particulier depuis mi-novembre comme le montre le graphique ci-dessous. Le marché espère une résorption progressive des goulots d’étranglement, ce qui allègerait la pression sur les prix. Il est à noter que l’écart des anticipations entre les États-Unis et l’Europe s’est creusé depuis la mi-octobre, ce qui nous a décidé à prendre nos bénéfices sur les obligations américaines liées à l’inflation et à réinvestir le produit de la vente dans des obligations européennes de même nature.
Notons cependant que les banques centrales se sentent moins à l’aise avec la notion d’inflation temporaire. Cette semaine, Mike Powell, le président de la FED, a revu son discours : « le moment est probablement venu de ne plus utiliser ce mot », a-t-il estimé devant la commission bancaire du Sénat, soulignant que « les risques d'une inflation plus persistante s'étaient accrus ». La Fed s'attend maintenant à ce que les pressions inflationnistes se maintiennent pendant une bonne partie de l'année prochaine et diminuent au cours du second semestre 2022.
Ce point sera discuté à la réunion de la banque centrale dans le courant de décembre et pourrait mener à une accélération du « tapering », soit une diminution plus rapide que prévu des achats obligataires. Nous suivrons de près ces derniers développements et ses conséquences potentielles pour les marchés.
Le coronavirus s’adapte plus facilement qu’espéré
La baisse des attentes d’inflation ces derniers jours a sans doute aussi une autre cause qui est moins réjouissante. Les craintes d’une nouvelle aggravation de la pandémie ont en effet ressurgi. Le variant Delta provoque déjà une accélération violente des cas de contamination depuis plusieurs semaines, surtout en Europe (voir graphique ci-dessous). Des confinements « light » ont déjà été décrétés dans de nombeux pays européens.
Mais la grosse inquiétude est venue avec l’apparation en Afrique du Sud d’un nouveau variant, baptisé « omicron », qui présente un degré de contagion encore plus élevé et de nombreuses et fréquentes mutations, ce qui pourrait réduire l’efficacité des vaccins actuels. Les principales entreprises pharmaceutiques productrices de vaccins se sont tout de suite mises au travail pour tester cette efficacité, mais nous n’en connaîtrons les résultats que dans une ou deux semaines. Entretemps, les marchés resteront sans doute nerveux tant que le risque d’une nouvelle période de confinement plus strict ne sera pas écarté. Nous restons très attentifs aux derniers développements à ce sujet et évitons, par exemple, toujours les secteurs les plus sensibles tels que les voyages et les loisirs.
Quelles opérations avons-nous effectuées dans les fonds essentiels ?
Conclusion
Le contexte économique et financier actuel reste favorable aux actions, surtout si nous les opposons aux obligations. La reprise économique est toujours présente même si son rythme se ralentit. Les entreprises continuent de très bien prester au niveau de leurs résultats malgré les goulots d’étranglement toujours présents dans plusieurs secteurs. Enfin, l’inflation rend également les actions plus attrayantes par rapport aux obligations. Nous restons donc surpondérés en actions.
Bien entendu, nous restons vigilants car les risques, notamment liés aux variants du coronavirus, n’ont pas disparu. Notre approche qualitative nous aide dans ce contexte. Le portefeuille obligataire quant à lui, bien qu’allégé, doit toujours remplir sa fonction de diversificateur et d’amortisseur en cas de coup dur sur les marchés boursiers.
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