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Le parcours « SDG » d’Argenta : les objectifs des Nations Unies ouvrent la voie aux investissements éthiques
5 mai 2020
Auteur: Ellen Vervoort | L’article original a été publié le 09-04-2020 sur www.susanova.be
Lisez l'interview complète ci-dessous.
Pour le groupe bancaire Argenta, les objectifs de développement durable (Sustainable Development Goals, ou SDG) établis par les Nations Unies servent de boussole pour les investissements durables depuis des années déjà. Stéphanie Dangreau, Sustainability Manager : « La durabilité, ce n’est pas seulement mener des actions pour le climat. »
Le secteur financier n’a pas trop bonne réputation question durabilité : nombreuses sont les banques qui investissent dans les combustibles fossiles, le tabac et les armes. Des plateformes comme le Scan des banques, géré par l'organisation socio-culturelle FairFin, passent au crible la politique d’investissement des banques, et les stimulent à investir de manière durable. Argenta assume sa responsabilité en adoptant les SDG comme principe directeur dans son fonctionnement.
Stéphanie Dangreau, Sustainability Manager chez Argenta : « Les SDG forment un cadre global pour notre politique de durabilité. Depuis 2015, Argenta travaille en partenariat avec CIFAL Flanders (l'organisme flamand de formation des Nations Unies sur le développement durable ; Argenta y suit un parcours concernant les SDG, N.D.L.R.). Au cours d’un certain nombre d’ateliers, leurs experts ont commenté les SDG en détail. Ensuite, nos collaborateurs ont étudié minutieusement quels accents nous pouvons mettre, en tant que banque, afin de réaliser les objectifs. Nous avons sélectionné cinq SDG sur lesquels nous pouvons avoir le plus d’impact, et que nous pouvons laisser s’exprimer dans notre plan d’action durable. Le SDG numéro 16 – ‘Paix, justice et institutions efficaces’ – est l’un de ces objectifs centraux. »
Droits de l’homme
« Nous utilisons trois quarts de l’épargne attirée pour les crédits hypothécaires des particuliers. Nous souhaitons investir ce qui reste de manière durable : dans des projets locaux, par exemple », explique Stéphanie Dangreau. « Notre philosophie est que les investissements doivent s’approcher le plus possible du cadre de vie de notre client. Les armes n’en font pas partie. Nous excluons également l’industrie de la pornographie et du tabac, ainsi que les entreprises compromises dans des affaires de violation des droits de l’homme. Par ailleurs, nous appliquons cette même politique d’exclusion aux fonds d’investissements que nous proposons à nos clients. »
Pour y parvenir, Argenta applique aussi, outre les SDG, les dix principes du Global Compact des Nations Unies, par lequel ces dernières appellent les entreprises du monde entier à aligner leurs activités et leur stratégie sur les objectifs de développement durable. « Nous n’investissons en aucun cas dans des entreprises se rendant coupables de violation des droits de l’homme, d'esclavage, de travail des enfants, de dégradation de l’environnement ou de corruption. »
Liste noire
Argenta s’appuie également sur deux listes dites d’exclusion : celle de la banque d’État norvégienne, et une liste de critères établie par Argenta elle-même. « En tant qu’acteur de poids dans le monde de l’investissement, la Norges Bank mène une politique d’investissement éthique mondiale depuis plusieurs années déjà. La banque d’État a publié une liste noire sur son site internet. Nous avons repris en intégralité les principes sur lesquels repose cette liste noire. »
Pour la liste qu’elle a établie elle-même, Argenta collabore avec l’institut international Vigeo Eiris, qui effectue un screening des entreprises au niveau de la durabilité. « Les analystes épluchent les rapports annuels, demandent des informations supplémentaires et analysent les controverses parues dans la presse. En outre, ils vérifient la politique ESG (Environmental, Social and Governance, N.D.L.R.) des entreprises. Ces trois facteurs permettent de mesurer la durabilité et l’impact social d’une entreprise ou d’un investissement dans cette entreprise. »
Éviter les secteurs intensifs en carbone
Au niveau interne également, Argenta suit cette politique de près. À cette fin, elle a fondé un comité de durabilité interne. « Deux fois par an, nous examinons nos critères d’investissement durable pour voir si nous devons réajuster nos investissements. L’an dernier, par exemple, Facebook s’est retrouvé au cœur de la tourmente en raison de différents scandales liés à la protection des données. Par conséquent, cela allait directement à l’encontre du SDG 16, et nous avons immédiatement vendu les positions que nous détenions dans l’entreprise. » Argenta a également affiné ses connaissances et ses objectifs concernant les SDG – « Égalité entre les sexes » (5), « Travail décent et croissance économique » (8) et « Inégalités réduites » (10) – au cours d’ateliers et de formations organisés par CIFAL Flanders.
En outre, les investissements dans le secteur des combustibles fossiles sont sous le feu des critiques. En 2019, la banque a fourni un effort important afin de réduire de manière drastique l’empreinte écologique de ses portefeuilles d’investissement. Argenta n'investit plus dans les entreprises tirant leur profit de l’extraction du charbon ou du pétrole et du gaz non conventionnels (pétrole et gaz difficiles à extraire, N.D.L.R.), ni dans les entreprises dont un chiffre d’affaires substantiel est encore réalisé à partir de la production d’énergie par des centrales à charbon. La banque établit également des règles strictes pour le pétrole et le gaz conventionnels.
S. Dangreau : « Nous prévoyons un plan strict de suppression progressive. À cette fin, nous avons incorporé des critères dans notre liste d’exclusion auprès de Vigeo Eiris. Par exemple, fin 2020, Argenta exclura toutes les entreprises productrices de pétrole de ses portefeuilles d’investissement. Nous investirons encore dans des entreprises dont moins de 10 % du chiffres d’affaires est réalisé grâce à la production d’énergie à partir du charbon, mais à condition qu’elles fournissent des efforts pour permettre la transition énergétique.
Argenta veut aller encore plus loin, et elle mène actuellement un exercice visant à augmenter sa contribution au SDG 13 (Mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques). « Nous sommes accompagnés par le Partnership for Carbon Accounting Financials (PCAF). Cette organisation soutient les institutions financières dans leur recherche de moyens permettant de mesurer l’empreinte carbone de leurs investissements et de renforcer leur politique. Nous souhaitons ainsi déterminer si, à l’avenir, nous pourrons encore investir dans des secteurs intensifs en carbone. »
Portefeuille d’investissement local
Revenons-en au SDG numéro 16. Pour Argenta, cet objectif va plus loin que le simple fait d’investir. « Notre attachement à la paix et à la justice se traduit également dans la manière dont nous traitons nos collaborateurs et nos clients », explique Stéphanie Dangreau. « Nous nous engageons dans des mécanismes stricts de détection de la fraude, nous formons nos collaborateurs sur le plan de l’éthique et de l’intégrité, et nous menons une vaste politique de diversité et de lutte contre la discrimination. Pour nous, le SDG 16 implique également que nos collaborateurs se sentent bien et en bonne santé. »
« Avec notre portefeuille d’investissement local, nous donnons une impulsion à des écoles, à des infrastructures de soins, aux énergies renouvelables et à d’autres projets locaux. Nous évaluons chacun de ces dossiers en fonction des critères des SDG, et nous explorons les manières de donner encore plus d’impact à nos investissements. Ainsi, nous plaçons les objectifs comme la diversité des genres et la lutte contre la pauvreté comme des priorités absolues. À ce jour, nous avons investi presque 800 millions d’euros dans des projets durables locaux. »
Opinion publique
Argenta soutient les objectifs de développement durable des Nations Unies depuis qu’ils ont été formulés, en 2015. Ces deux dernières années, pour les entreprises souhaitant entreprendre de manière durable, l’accent est surtout mis sur le climat. Mais la durabilité va plus loin que l’écologie. Bien que nous ne mettions l’accent que sur cinq SDG, nous ne réalisons que trop bien que pour nos clients, chacun des dix-sept objectifs compte. En communiquant largement auprès de nos collaborateurs au sujet de ces SDG, nous essayons de mieux faire connaître ces objectifs au grand public. Nos collaborateurs sont les meilleurs ambassadeurs qui soient. »
Pour Argenta, il est très important que le public se familiarise avec les SDG. Stéphanie Dangreau : « L’opinion publique peut exercer une pression énorme sur le secteur bancaire. Le citoyen peut faire la différence en étant conscient de ce qu’advient de chaque euro investi. Dans un monde idéal, chaque banque communiquerait en partant des SDG. C’est seulement après cela que les clients peuvent choisir leur banque en toute connaissance de cause. »