L’économie aux soins intensifs

17 avril 2020

Auteur : Xander Michielsen, gestionnaire de fonds chez Argenta Asset Management

Les banques centrales aux Etats-Unis et en Europe ont déjà annoncé leur train de mesures plus tôt dans le mois. La semaine passée l’autorité monétaire américaine a cependant dévoilé de nouvelles initiatives afin de continuer à soutenir l’activité économique. Cela a également été le cas de l’Union Européenne. Il est crucial que l’activité économique puisse passer au travers de cette période difficile et que les moyens nécessaires soient déployés dans ce but. En Europe, le virus semble perdre de son intensité, mais il est encore trop tôt pour crier victoire. Cette semaine débute la saison des résultats d’entreprises, et l’étendue des dégâts au niveau économique deviendra alors plus concrète.  

Mesures de soutien financier supplémentaires de la part des autorités.

Tant les Etats-Unis que l’Europe ont annoncé des mesures supplémentaires lors de la semaine écoulée. Ces mesures de soutien sont nécessaires afin de limiter au maximum les dégâts infligés à l’économie.

En Europe, le désaccord règnait autour de la constitution d’un fonds d’urgence “corona”. Les Pays-bas ne soutenaient en effet pas l’initiative dans un premier temps. Sans solidarité au sein de l’Union Européenne, une nouvelle crise dans le Vieux Continent pourrait se profiler dans le sillage du virus. Il est dès lors essentiel que l’Europe démontre cette solidarité et préserve l’unité en son sein. La Commission Européenne est par bonheur finalement arrivée à un accord incluant les Pays-Bas. Un fonds de soutien de 500 milliards d’Euro va être constitué. Sa mise en place permettra à court-terme de soutenir les pays membres, les entreprises et les salariés. Des crédits peuvent être accordés pour tous types de dépenses consacrées au soutien du système des soins de santé et aux coûts directs et indirects résultant de la crise liée au coronavirus. Ces lignes de crédit, auxquelles aucune condition particulière n’est attachée, peuvent donner aux pays européens les plus touchés, comme l’Italie et l’Espagne, le surplus de soutien financier nécessaire pour éviter une aggravation de la situation, mais aussi pour accélérer la relance.

Aux Etats-Unis, la banque centrale a de nouveau pris des mesures inédites à ce jour. À la suite de l’arrêt brutal de l’activité économique et de l’absence d’un filet de sécurité sociale digne de ce nom, 10% de la population active s’est retrouvée sans emploi en trois semaines de temps. C’est un événement aux dimensions historiques et il ne doit donc pas être pris à la légère. La banque centrale a annoncé immédiatement après la publication de ces chiffres inquiétants un nouveau paquet de stimulus de 2300 milliards de dollars. Cette nouvelle manne financière doit consolider le soutien aux entreprises et aux familles afin de surmonter la crise.

Les pays membres de l’OPEP vont produire moins de pétrole

Les membres de l’OPEP ont conclu un accord pour réduire la production de pétrole de près de 10 millions de barils par jour, et ce à partir du 1er mai. Un décision de cette ampleur est historique. L’effet sur les cours du pétrole a cependant été de courte durée. Cela démontre à quel point les attentes au niveau économique sont faibles. Etant donné que l’activité économique mondiale est quasiment à l’arrêt, la demande en pétrole est très réduite. Nous continuons à éviter le secteur pétrolier au sein de nos fonds essentiels.

Un cours du pétrole faible est avantageux pour les pays qui consomment du pétrole mais n’en produisent pas. Un exemple est l’Inde, l’un des plus gros importateurs d’or noir au monde. Ces prix pétroliers réduits peuvent donner un énorme coup de pouce à l’économie indienne. On estime que les comptes courants du pays seront à l’équilibre si ces cours plancher se maintiennent. Cela donnerait à l’Inde les coudées franches afin de lancer les mesures de stimulus nécessaires pour soutenir l’économie domestique.

Signaux positifs concernant le coronavirus

Eu­ro­pe

Au niveau de la propagation du coronavirus, nous constatons que le nombre de nouveaux cas d’infections ralentit progressivement en Europe. On peut distinguer un applatissement de la courbe et même une tendance baissière en Espagne et en Italie. Les entreprises espagnoles ont pu relancer les activités ainsi que le secteur de la construction. Cela ne signifie bien évidemment pas que le problème de l’épidémie est résolu, mais une interruption de l’escalade est déjà vue aujourd’hui comme un signal positif.

Nieuwe cases in Italië. Bron: Worldometers.info

Nouveaux cas en Italie. Source: Worldometers.info

Nieuwe cases in Spanje. Bron: Worldometers.info

Nouveaux cas en Espagne. Source: Worldometers.info

Chine

Dans un contexte où les nouveaux cas d’infections en Chine sont très faibles et où la réouverture progressive de l’économie se poursuit, la confiance des directeurs d’achats (mesurée par les indicateurs PMI) a rebondi de manière spectaculaire. Si ces chiffres se confirment au niveau de l’activité économique réelle, il s’agirait d’un signal très positif pour l’économie chinoise. Ce serait aussi un signe d’espoir pour le reste du monde. Cela signifierait en effet que la récession sera de courte durée et que l’activité économique peut rapidement reprendre. Les actions chinoises restent aujourd’hui fortement représentées au sein de nos fonds essentiels.

Indices Caixin Chine

Source: Refenitiv Datastream

Quelles décisions avons-nous prises dans nos fonds essentiels?

Les mesures de soutien prises par les banques centrales et les autorités politiques locales sont indispensables et nous rendent positifs sur les perspectives de moyen-terme. Par ailleurs le regain de confiance dans l’économie en Chine est aussi une bonne nouvelle.

Par contre le coronavirus n’est pas encore contenu dans le reste de la planète, et cela continuera à nourrir les inquiétudes dans les prochaines semaines. À partir de cette semaine, les entreprises publieront également leurs résultats. Il va sans dire que de très mauvais chiffres sont à prévoir, tout comme lors de la publication des diverses données macro-économiques dans les prochains jours et prochaines semaines. À court-terme nous prévoyons un regain d’agitation à cette occasion. Pour cette raison nous maintenons notre vision standard sur les actions.

L’évolution favorable des bourses durant les deux dernières semaines a résulté dans une augmentation du poids en actions. La semaine dernière nous avons maintenu nos positions, ce qui s’est avéré un choix judicieux. Cette semaine nous avons légèrement réduit notre exposition en actions. Nous avons effectué ce mouvement par l’emploi de trackers (ETF*) pour une vente rapide et efficace. Il est selon nous trop tôt pour parler d’un rétablissement durable des marchés d’actions et nous nous attendons encore à des bourses agitées dans les prochaines semaines, pendant la publication des résultats du premier trimestre.

À la fin mars, nous avons couvert 40% de nos positions en dollar. Nous conservons cette couverture actuellement pour réduire notre risque d’exposition à la devise américaine. Cela nous permet d’investir dans les actions américaines qui nous semblent intéressantes sans prendre un risque supplémentaire sur la devise. La couverture joue en effet son rôle de protection dans le cas d’une dépréciation du dollar.

Nous avons par ailleurs investi en obligations d’état espagnoles et portugaises. Le rendement courant de ces obligations a augmenté, ce qui les rend de nouveau attractives. Le programme de rachats obligataires de la BCE et la mise en place du fonds de soutien européen sont ici un atout supplémentaire.

*ETF = Exchange Traded Fund, aussi appelé « tracker ». Il suit une valeur sous-jacente, par exemple, un indice d’actions déterminé.

Conclu­sion

Les actions ont connu un spectaculaire redressement ces dernières semaines. Les mesures de soutien des autorités monétaires et des autorités politiques locales en combinaison avec l’évolution favorable de la pandémie en sont les principales causes. Ajoutons à cela la publication des chiffres économiques en Chine qui indiquent un important rétablissement de la confiance dans l’économie. Grâce à notre positionnement dans les fonds essentiels, nous avons profité de ce rebond durant les deux dernières semaines. Malgré ces bonnes nouvelles, les problèmes économiques n’ont cependant pas encore disparu et la majorité des pays se trouve toujours en situation de confinement. Dans les prochaines semaines, nous nous attendons par ailleurs à un regain de nervosité sur les marchés à l’occasion de la publication des résultats d’entreprises pour le premier trimestre.

Nous maintenons une large diversification en instruments d’investissement qui peuvent aussi servir d’absorbeurs de choc au cas où les marchés se dégraderaient à nouveau. Un portefeuille bien équilibré reste d’une importance cruciale dans cet environnement incertain. Les fonds essentiels vous donnent cette assurance et veillent automatiquement à cet équilibre. Tout en tenant toujours compte du profil de risque du client.

Notre attention tout entière est portée vers la gestion attentive et professionnelle des avoirs de nos clients en toutes circonstances, et en particulier dans cet environnement exceptionnel que nous vivons actuellement.

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